Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada
Cette semaine, nous revenons sur le thème de l’heure, soit les finances de nos ménages canadiens. Ces dernières ont subi de multiples attaques dans les dernières semaines, et quoique les signes avant-gardistes pointent vers une période de répit, les répercussions, elles, pourraient être de longue durée. Un aperçu rapide de nos finances et de ce qui y pèse lourd.
Débutons avec l’un des facteurs les plus discutés ces jours-ci : l’inflation. L’inflation, ou l’érosion de notre pouvoir d’achat en tant que consommateur, a atteint des niveaux critiques ces derniers mois. L’inflation du mois de septembre, révélée la semaine dernière, atteignait le 6.9%, soit une diminution vis-à-vis du mois précédent qui s’établissait à 7.0%. Si l’on regarde l’IPC, ou indice de prix à la consommation en excluant les 8 catégories les plus volatiles (CPIX), sont exclu; les fruits, les légumes, l’essence, l’huile de chauffage, le gaz naturel, les taux d’intérêt des hypothèques, produits du tabac et le transport, l’indice se tenait à 6.0%. L’indice en excluant la nourriture, l’énergie et l’effet indirect des taxes (CPI-XFET) se tenait à 5.4%. La seule raison d’en faire mention est que les points de presse de la Banque du Canada discutent régulièrement de ces mesures, malgré que certains les trouvent plus ou moins utiles lorsqu’on regarde avec la vision d’un consommateur régulier.
Source: Banque du Canada – Indice de prix à la consommation |
L’inflation est le facteur principal qui a poussé la Banque du Canada à hausser son taux directeur en premier lieu. La semaine dernière nous a également apporté une nouvelle hausse de ce taux de 0.50%, soit 50 points de base, portant le taux à 3.75%. Rien de surprenant, toutefois les analystes et économistes voient ce léger ralentissement de hausse de taux comme une bonne nouvelle. La BoC doit naviguer des eaux troubles en fonction de cet indicateur d’inflation, qui est qualifié d’indicateur à retardement, puisque les données ne sont disponibles qu’après le fait accompli. Une difficulté additionnelle à prendre considération dans les calculs. La hausse précédente de 75bps a frappé dure sur les ménages et le rythme de dépenses ralenti. L’une des dépenses majeures est celle de l’immobilier, qui vit maintenant sur les miettes de sa bulle de 2021. La Fed aux États-Unis a cette semaine répliqué cette hausse de 75bps, signifiant que le portrait global américain sera très similaire au nôtre, et les hausses pourraient bien ralentir dès décembre ou début 2023.
Non seulement, les Canadiens voulant s’offrir une propriété se heurtent à un taux beaucoup plus élevé que 6 mois auparavant, mais ceux qui doivent renouveler sur une hypothèque existante voit venir le choc financier. Un sondage Léger récemment conduit montre que 53% des ménages interrogés sont inquiets du renouvellement de leur hypothèque. Un ménage qui aurait opté pour un taux fixe en 2017 verrait son taux augmenté minimalement de 1.5% à 2%. Ceux qui bénéficient d’une marge de crédit hypothécaire à taux variable ont également vu leur taux passer de 2.45% à 5.95%. En illustrant ceci sur un solde de 100 000$, les paiements mensuels d’intérêts passeraient donc de 204$ à 496$, une augmentation salée de 143%.
Et le portrait inverse maintenant? Qu’arrive-t-il si vous avez pratiquement terminé de payer votre propriété? Que la retraite arrive prochainement? La bonne nouvelle, c’est que vous n’avez pas à vous questionner sur le choix d’un taux fixe ou variable. La mauvaise, c’est que l’état des marchés boursiers pourrait venir jouer les trouble-fêtes pour vos plans de retraite. En ne regardant que le S&P 500 ou le TSX, affichant respectivement -19.28% et -8.52%, un portefeuille peut facilement présenter quelques ecchymoses au niveau du rendement. En scrutant quelques titres comme Meta (Nasdaq : Meta), l’ancien Facebook est revenu au même niveau qu’en septembre 2015. Il s’agit d’une chute de 75% depuis août l’an dernier.
Source: Tradingview – Nasdaq: META, Stock price 2015-today |
Pour ceux et celles cherchant des alternatives plus sécures, des annuités peuvent être achetées. Ces produits, certains affichant des taux justes au-dessus de la barre du 5% pour une durée 5 ans, sont offerts par les assureurs comme une source de revenus récurrente. Les annuités sont davantage un complément à d’autres sources de revenus une fois la période de retraite et peuvent être modifiées selon plusieurs critères, comme la durée, les protections, la fréquence de paiement et bien d’autres. Alors que les marchés font face à des temps plutôt volatiles et tumultueux, la planification de retraite devient d’une importance capitale ces jours-ci.
Toutefois, avant de modifier quoi que ce soit à votre portefeuille, il faut également relativiser selon l’horizon de temps contemplé. Si les retraits de fonds sont imminents, il est judicieux de considérer des produits à revenus récurrents et se munir de taux de rendement au-dessus du taux d’inflation cible, soit la fourchette entre 2 et 3% de la Banque du Canada. Si, au contraire, l’horizon est encore de quelques années, les chances sont que l’inflation va retrouver sa valeur cible de 2% ou 3% et que les marchés retrouvent de la vigueur. Demeurer investi et faire quelques allocations spécifiques sur certains secteurs pourraient s’avérer lucratif dans le futur.
La réalité des hausses rapides et drastiques des taux aujourd’hui fait suite à de nombreux évènements. La hausse des coûts des produits et services a été dirigée en partie par la chaîne d’approvisionnement, mais également de la production elle-même à ne pas être en mesure de fournir à la hausse de la demande. Des expansions ou investissements en nouvelles machineries étaient peut-être requis, avec, au passage, des nouveaux employés, demandant des salaires plus élevés. Comme les sociétés ne veulent pas sacrifier leurs marges, les hausses de prix sont refilées aux consommateurs. Ces derniers se désistent, ou achètent en moindre quantité, faute de budget. Les ventes sont en retour, moins grandes qu’anticipées, et dévoilent ces résultats au public, faisant dégringoler le titre.
Il s’agit d’un très grand processus circulaire. Les facteurs d’influence sont nombreux et les répercussions bien réelles. Il devient donc important de planifier ses finances en fonction des informations d’aujourd’hui, afin d’être mieux positionné pour demain!
Sources:
https://www.cnbc.com/2022/10/31/how-to-retire-amid-inflation-according-to-financial-advisors.html
https://www.bankofcanada.ca/rates/price-indexes/cpi/
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