Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada
Le mois de mai est enfin à nos portes, et chaque année, le mois de mai me rappelle un vieux dicton des marchés boursiers : « Sell in May and go away ». Ce très fameux dicton est peut-être familier pour certains d’entre vous. Pour d’autres, peut-être vous est-il complètement inconnu. Il fait référence à la période estivale, qui, depuis plusieurs années, a la notoriété de générer des rendements plutôt médiocres. Par plusieurs années, on peut retourner aussi loin que 1950 en observant le phénomène. Nous regardons donc d’où vient ce dicton, et surtout, si vous devriez le suivre!
Le vieil adage réfère notamment à la période commençant en 1950 sur les marchés boursiers, où de nombreux traders, qui devaient à cette époque, être présent sur le plancher pour transiger, quittait le travail pour les vacances. Une très grande majorité des acteurs de la bourse, ce qui est encore vrai aujourd’hui, prenaient des vacances en été. La période estivale de mai à septembre voyait donc un ralentissement généralisé sur les marchés. Que ce soit au niveau transactionnel, mais également au niveau corporatif, puisque la température clémente souriait non seulement aux traders, mais également aux dirigeants d’entreprises, employés, clients et autres.
Sell in may and go away until St Leger’s Day. Il s’agissait de l’adage original, provenant d’Angleterre, qui fait référence à une très populaire course de chevaux intitulée St Leger Stakes, tenu en septembre. Adapté au niveau américain, les indices boursiers locaux miroitaient les mêmes résultats. Selon le livre Stock Trader’s Almanac, les rendements du Dow Jones Industrial enregistraient un rendement de 7.5% de novembre à avril, tandis que la période de mai à octobre affichait 0.3%, et ce, de 1950 à 2019.
Bonne nouvelle non? Une « stratégie » qui semble fonctionner et passe le test du temps! Ne vous réjouissez pas trop rapidement. Les temps ont changé depuis 1950. Les marchés sont globaux, en temps réels, et au bout des doigts de tous. La période de vacances estivales n’est plus une bonne excuse pour présenter des résultats médiocres. Les investisseurs veulent voir des résultats 4 saisons.
Les marchés ont enregistré en 2022, leur pire performance de début d’année depuis 1939. Le S&P 500 enregistre une diminution de 13% entre janvier et avril. Il faut également se rappeler que l’économie est encore sur son tracé d’apprentissage, sortant d’une pandémie d’un peu plus de 2 ans. Ajoutons à cela la guerre en Ukraine qui dure depuis près de 2 mois, une pression inflationniste comme plusieurs n’ont jamais connu ainsi qu’une chaîne d’approvisionnement qui tourne au ralentie à l’échelle globale.
Quoiqu’il soit vrai que la performance historique des mois entre mai et septembre est plutôt faible comparativement au restant de l’année, plusieurs analystes ne sont pas prêts à faire le pari. Ryan Detrick, de LPL Financial Holding fait remarquer que la saison estivale présente plusieurs faiblesses au niveau performance, toutefois 9 des 10 dernières années pointent vers un rendement de 5.7% durant cette période, ce qui demeure non-négligeable.
De plus, ce que l’histoire derrière le Sell in may and go away ne dit pas, est qu’en réalité, les investisseurs ayant resté investi dans le marché, ont tout de même engrangé d’importants gains par rapport aux stratégistes estivaux. Le graphique ci-dessous hypothétise un investisseur ayant mis 10 000$ dans le S&P/TSX en 1977. Quoique certaines années montrent que la stratégie aurait bien surperformée le fait de demeurer investi, la tendance long terme n’en dit pas autant. La valeur des stratégies en 2017, soit 30 ans après, montre une différence d’environ 280 000$ en faveur des investisseurs investis pleinement.
La performance cumulative de 2022 est somme toute décevante. Les résultats des grandes sociétés des indices, surtout au niveau technologique, commencent à perdre le momentum grandement acquis grâce à la pandémie et ses confinements répétitifs. La course à la technologie par, non seulement les individus, mais surtout les entreprises qui avaient, en majorité, bien besoin d’une mise à niveau sur leurs équipements informatiques, n’ont eu aucun autre choix que de se plier aux exigences afin de rester en opération, créant une demande soudaine pour les produits et services de nos bien aimées compagnies techs.
Plutôt que de suivre une stratégie basée sur timing des marchés, qui connaît des résultats plutôt mitigés à en voir les spécialistes, les gestionnaires prônent plutôt l’établissement d’une stratégie établie et arrimée avec vos besoins et situation. Une jeune professionnelle peut se permettre d’avoir une approche plus risquée et investir dans des titres de croissance, chassant ainsi les gains en capitaux plutôt que l’aspect flux monétaires récurrent. À l’inverse, un individu approchant la retraite devrait se soucier davantage de la préservation de capital et d’un apport additionnel de ses investissements à son régime de retraite.
Si l’investisseur téméraire en vous désire une stratégie saisonnière à tout prix, d’autres options existent et sont très similaires. Une des stratégies de choix serait la rotation de secteurs (ou d’industries), qui cherche notamment à entrer ou sortir des secteurs étant exposés à des résultats cycliques. Par exemple, prendre une position longue dans une compagnie de produits de paysagements et entretien de terrain tout juste avant l’été, se débarrassant par la même occasion des titres fortement reliés au chauffage des logis. Il s’agit que d’un exemple parmi tant d’autres, et cette stratégie peut également se faire via des fonds négociés en bourse, ou FNB, surtout avec l’apparition de fonds thématiques ces dernières années, facilitant ce genre de rotation à grande échelle.
Source : Fidelity – Should you sell in may |
La décision finale vous revient cependant. Alors que certains trouvent que la relation, encore inégalée, entre les rendements faibles et les mois estivaux est forte, les individus axés sur les statistiques ont tendance à s’opposer. Établir une stratégie pour son portefeuille, en fonction de ses besoins, son âge et de ses propres buts demeurent une approche à prioriser. D’ailleurs, le refus de reconnaître le dicton Sell in May and go away, commence à en faire naître un nouveau, soit Ignore the rhyme, all the time.
Sources :
https://www.nasdaq.com/articles/ignore-the-old-cliche-sell-in-may-and-go-away
https://www.lesaffaires.com/mes-finances/placement/quand-vendre-une-action/631142
https://www.cnn.com/2022/05/02/investing/stocks-sell-may-go-away/index.html
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