Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada
Il y a quelques semaines, nous avions soulevé l’intérêt du Gouvernement du Canada par rapport aux mines de lithium, suivant un apport financier à la firme E3 Lithium (TSX-V :ETL). La guerre au lithium dans l’élan de l’électrification de nos véhicules ne fait que commencer et Ford Motor Company (F :NYSE) nous en a livré la preuve ce lundi. Cette nouvelle guerre aux métaux précieux apporte cependant son lot de questions, qui semblent encore aujourd’hui, demeurer sans réponse.
L’industrie de l’automobile a pris sur lui que de développer son futur, et le consommateur suivra. L’enjeu, demeurant encore aujourd’hui un sujet de débat, est la manière à arriver à l’électrification tant prônée par ces géants automobiles. Ford Motor s’est commis ce lundi sur un de ses plans d’avenir afin de s’assurer une place de choix dans la chaîne de montage des véhicules du futur.
Un investissement de 3.5 milliards de dollars américains serait contemplé par la géante américaine avec un fournisseur chinois afin de bâtir et opérer une usine de fabrication de batteries au lithium. Une coentreprise sera créée afin de partager les bénéfices et sera dirigée à la fois par Ford, mais également Contemporary Amperex Technology Co. (ou CATL), une compagnie publique sur le marché de Shanghai, sous l’identifiant 300750. CATL se spécialise depuis 2011 dans la production d’accumulateurs lithium-ion, une composante cruciale pour la fabrication de batteries de véhicules électriques. Au cours de la dernière décennie, CATL a fait partie de plusieurs coentreprises à travers le monde, et a même récolté le premier rang pour la production de volume de batteries pour véhicules électriques.
Quoique le regroupement d’effort apporte habituellement son pesant d’or en bénéfices, cette entraide fait tout de même froncer les sourcils sur la scène politique. Les tensions politiques entre l’Amérique du Nord et la Chine sont d’actualités et cette alliance a même poussé certains états américains à retirer leur candidature pour l’établissement de l’usine de fabrication contemplée par le regroupement. L’usine qui s’établirait vraisemblablement au Michigan prévoit la fabrication de batteries au lithium-fer-phosphate, ou LFP, une technologie adoptée par le pionnier du milieu, Tesla Motors (TSLA :Nasdaq). Une ouverture est prévue pour 2026 et créera près de 2 500 emplois.
Les titres des deux compagnies ont connu des progressions au-dessus de la barre des 2% ce lundi suivant l’annonce.
Source : TradingView – Cours du prix de F :NYSE et 300750 :SZSE
À même la fabrication, les compagnies doivent également prévoir leur apport en métaux précieux et autres minerais afin de remplir les belles promesses de ces nouvelles usines. Les différents gouvernements à travers le monde poussent vers l’électrification de leur réseau, toutefois plusieurs questions semblent être évitées. Le cuivre, le graphite, le zinc, le cobalt, le nickel et bien sûr, le lithium font tous partie des minéraux d’importance pour la fabrication des batteries pour véhicules électriques. Selon le rapport de 2023 du Moving World, et rapporté par Radio-Canada, une pénurie semble imminente pour bon nombre de ces minéraux. Un pronostique bien peu utile pour l’établissement de nouvelles usines de fabrications de batteries, non?
De notre côté de la frontière, cette pénurie à devenir, envoie une onde de choc sur nos compagnies minières. L’extraction plus rapide et plus efficiente du minerai passera forcément par des investissements du gouvernement et du secteur privé dans les minières. Entre alors en jeu les aspects environnementaux et légaux sur l’extraction et utilisation juste des ressources naturelles dans lesquels je ne m’aventurerai pas. Toutefois, ces enjeux amènent un nouveau point d’importance. Sommes-nous en mesure de recycler ces métaux dans les batteries une fois leur durée de vie atteinte? Les nouvelles technologies peinent à développer des méthodes efficaces pour la récupération des minerais. Comparativement au niveau de R&D investie dans le développement de batteries, la R&D du recyclage efficient de ces mêmes batteries, peine à suivre la tendance.
Ce déséquilibre pose nécessairement un problème face à une ressource en quantité limitée. Un problème qui avait même été décelé assez tôt chez nos producteurs de téléphones cellulaires. Leur solution du moment avait été d’offrir des incitatifs monétaires afin de rapporter son ancien téléphone et ainsi obtenir un rabais sur le prochain. Le problème avec cette approche est qu’il en devenait coûteux d’ouvrir les appareils afin de récupérer les métaux précieux.
Un autre enjeu de taille a été soulevé récemment via un rapport d’analyse de la consommation électrique de cet afflux important de nouveaux véhicules électriques. M. Simon Brassard, de la Chaire en transformation du transport de l’Université de Montréal et Polytechnique, fait notamment mention que le système actuel ne sera pas en mesure de répondre au besoin grandissant découlant de ces nouvelles habitudes.
M. Brassard indique que la capacité d’Hydro-Québec au réseau est de 37 gigawatts, un apport qui est déjà grandement utilisé lors des journées froides d’hiver. En ajoutant la charge des divers véhicules électriques des particuliers, mais également des autobus, camions de villes et autres, le besoin dépassera la capacité. Hydro-Québec de son côté, prévoit que 45% de la nouvelle demande d’ici 2032 sera issus des propriétaires de véhicules électriques.
Il est certes une évidence que le réseau électrique québécois devra se transformer, toutefois, la demande se fait de manière graduelle. Hydro-Québec est donc en mesure d’adapter son réseau par incrément et investissements annuels et non pas de déployer des solutions d’urgence à efficacité douteuse. Dans le cas inverse, certaines compagnies, comme la British Petroleum (BP :LON), ont plutôt annoncé un ralentissement de leurs efforts vers la transformation énergétique.
Reconnaissant que les réseaux publics ne puissent suivre la tendance de l’électrification dictée par les fabricants automobiles, des milliards continueront d’être investis dans les énergies polluantes, afin de répondre à la demande latente des véhicules électriques. Comme quoi, l’innovation, aussi bonne soit-elle, doit se faire à vitesse acceptable pour tous et se fera vraisemblablement à l’aide d’investissements additionnels de toutes parties.
Sources:
https://www.cnbc.com/2023/02/13/ford-ev-battery-plant-china-catl.html
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1954221/etude-electrification-transports
https://www.auto123.com/fr/actualites/etude-hydro-quebec-capacite-electrique/69999/
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