Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada
En 2021, General Electric (GE : NYSE) avait annoncé son plan de scission, ou communément appelé, spin-off, de quelques-unes de ses divisions. Le plan initial était de séparer les divisions d’aviation, de soins de la santé et d’énergie, en trois composantes distinctes. Récemment, le premier volet, qui s’intéressait à la division des soins de la santé, a été complété. La réalisation de cette étape amène toutefois une discussion additionnelle sur les compagnies publiques. Est-ce que l’Initial Public Offering est chose du passé?
En reculant en novembre 2021, General Electric avait annoncé au public son intention de scinder ses opérations en diverses entités publiques. Les trois composantes; soins de santé, énergie et aviation devraient voir le jour sous des compagnies publiques distinctes suite à des spin-off de la maison mère d’ici la mi-2024. Comme le premier volet, de soins de santé, sous le symbole GEHC se transigeant sur le Nasdaq s’est récemment complété, est-ce que les grandes corporations déjà publiques ont intérêt à procéder à la séparation de leurs activités?
GE Healthcare s’inscrit en premier dans ce pari de devenir un joueur dit pure-play dans le domaine de la santé. Le terme pure-play découle des activités qu’un investisseur pourra y retrouver. L’objectif de cette division est d’abord de poursuivre l’innovation des soins de santé de spécialisation afin d’offrir un service aux patients qui en éprouve le besoin, en plus d’atténuer les faiblesses du réseau actuel.
La division conserve les installations qui étaient détenues par le groupe GE qui avait la vocation de soins de santé. Le portefeuille actuel de GE Healthcare montre quelque 1 milliard de patients desservis et plus de 2 milliards de procédures entreprises annuellement. Au niveau des investisseurs, cette première étape allouait 1 action de GE Healthcare pour chaque action de GE détenue, et une part minoritaire de 19.9% demeurait dans les mains de GE. Les revenus de la nouvelle entité sont anticipés d’être aux alentours de 18 milliards et avaient obtenu une évaluation d’entreprise à 31 milliards de dollars américains.
Le titre de GE Healthcare réplique étroitement les mouvements de l’action de la maison mère depuis son introduction en bourse en janvier dernier, se transigeant à 76$ très près du 84$ enregistré par GE. La corrélation entre ces deux titres devrait s’estomper avec le temps, d’autant plus que les activités de la division Healthcare ne seront plus amalgamées dans celle de GE.
Source : Tradingview – Cours des titres GE :NYSE et GEHC :Nasdaq – historique 1 an
Selon les plans dévoilés par GE, la seconde division à voir le jour pourrait bien être GE Vernova, soit leur portefeuille d’activités en énergie. Cette division regroupera donc les énergies renouvelables, déjà sous des filiales distinctes, telles que GE Steam Power, GE Renewable Energy, LM Wind Power et autres. La division regroupera également les énergies traditionnelles tel le gaz et conversion de sources d’énergie. L’objectif principal de Vernova est de se concentrer davantage sur le développement et transition vers les énergies renouvelables. Le ratio d’attribution d’actions de cette nouvelle entité demeure à confirmer. L’évaluation du créneau prendra en compte les installations existantes produisant plus de 400 gigawatts d’électricité et plus de 7000 turbines à gaz.
Le dernier segment à devenir est celui de l’aérospatial et aviation. Cette entité souhaite propulser plus de 2/3 des vols commerciaux mondiaux. La base d’actif sur laquelle la compagnie devra bâtir, est composée de 26 500 moteurs d’avions militaires et d’environ 37 700 moteurs d’avions commerciaux. Cette offre de service prévoit une meilleure efficience des vols, juxtaposée d’une expertise de réduction des émanations néfastes dans l’environnement. Tout comme le volet énergétique, la date de création et le niveau d’attribution d’actions demeurent à confirmer.
Une interrogation survient toutefois après avoir élaboré tous ces plans de spin-off, d’échange et de concentration des activités : quels sont les avantages réels à procéder ainsi? Après tout, les entités scindées quittent avec une portion non négligeable du bilan financier de GE. Terrains, installations, clients, brevets, tout y est. Un actionnaire de GE pourrait ne plus voir du même œil la compagnie, du fait que le conglomérat a scindé ses opérations et ne répond donc plus au besoin de « diversifications » de revenus dont le groupe bénéficiait auparavant. Sans compter les frais d’établissement des compagnies, de transition et opérationnels, avoisinant les 2 milliards de dollars.
L’avantage pour les actionnaires, concernant ce dernier point, est que des actions leur sont attribuées lors de la création de ses entités. Ce faisant, un actionnaire du groupe GE d’autrefois, ne verra pas sa position grandement modifiée s’il conserve ses actions de GE, GEHC, Vernova et Aerospace. La différence est que ces joueurs individuels représentent un créneau plus restreint que ce que le groupe présentait auparavant. Cette vision moins large des activités respectives des entités vient toutefois bonifier la rentabilité de chacune. En scindant ainsi les activités, celles-ci n’ont qu’un seul objectif, soit se concentrer sur ses propres activités, avec leur propre management, employés et clientèle cible. Les intérêts sont donc alignés avec les investisseurs, qui, eux aussi, souhaitent maximiser leur rendement sur ces créneaux respectifs.
Dans le cas de GE, un second bénéfice de taille a été mis en lumière; la restructuration permet d’effectuer un ménage dans les opérations. Comme quoi, les activités conservées seront valorisées et intégrer à la nouvelle division, et les opérations présentant des lacunes, ne rencontrant pas les objectifs, ou n’offrant tout simplement pas le rendement escompté, seront disposées. C’est entre autres le cas de la monétisation des parts dans Baker Hughes (BKR :Nasdaq) au niveau de la division énergie, ainsi que AerCap (AER :NYSE) dans aviation.
Le dernier avantage de GE de préférer le spin-off plutôt qu’une IPO standard est que la proposition de cette structure prévoit une transition sans impact fiscal. Ce remaniement ne devrait pas déclencher d’évènement fiscalement imposable ni pour GE ou ses actionnaires, une stratégie qui amène une valeur considérable.
Les coûts évités auprès des banques d’investissement lors d’une IPO, sont en partis dépensés en termes de frais de restructuration et délivrance des nouvelles actions aux actionnaires actuels. GE a cependant le loisir de dicter son propre agenda de réalisation, un autre avantage à ne pas négliger, surtout si des temps économiques difficiles venaient qu’à miner la réalisation de certaines étapes. Un projet de longue haleine qui vaut la peine d’être suivi!
Sources:
https://www.morningstar.co.uk/uk/news/231557/spinoffs-are-the-new-ipos.aspx
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