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Quand le bancaire tombe, la FDIC se lève

Le momentum du mois dernier se poursuit au niveau des banques américaines. Cette semaine, First Republic Bank (NYSE :FRC) succombe aux pressions qui fusent de toute part. Alors que la consolidation forcée du secteur semble être inévitable, ceux qui tombent sont, sans fautes, soutenus par une institution encore mal connue de la part du grand public. Malgré son implication importante dans la santé des banques et de la préservation des clients, cette institution gouvernementale ne sort que de l’ombre presque exclusivement lorsque la grogne est forte sur les marchés. Qu’arrive-t-il lorsqu’une banque n’est plus en mesure de poursuivre ses opérations?

Bien entendu, le billet de cette semaine porte sur les derniers évènements du secteur bancaire aux États-Unis. La First Republic Bank, comme ses défunts prédécesseurs, s’est rapidement trouvé aux prises avec une inadéquation entre ses placements long terme à rendement très faible et ses passifs, à intérêt maintenant beaucoup plus élevé qu’en 2021. Malgré ses annonces de vente d’actifs non profitables et de ses rondes de licenciements, la FDIC a ciblé la banque comme étant en grand besoin d’aide immédiat, afin de protéger le public. La JPMorgan Chase & CO (NYSE :JPM) récupèrera les miettes de la First Republic, sous une entente avec la FDIC.

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Source : Tradingview – Cours des titres de JPM et FRC, NYSE – 2023-05-01

Mais qu’est-ce que cela implique? La FDIC, soit la Federal Deposit Insurance Corporation, agit en réalité très similairement à la SADC au Canada. Sa mission est de maintenir la stabilité et la confiance du public envers le système financier du pays. Le système financier inclut des joueurs d’importance, souvent des banques, représentant un risque systémique, soit un risque de contagion non négligeable sur les autres acteurs de l’économie.

Afin de maintenir leur crédibilité auprès du public, la FDIC se permet d’assurer les dépôts en banque jusqu’à une hauteur de 250 000$ pour chaque compte bancaire se qualifiant. L’institution gouvernementale règlemente près de 5 000 banques et sociétés d’épargne dans le seul but de protéger les déposants. C’est également pour cette raison qu’elle agit aussi tôt que possible lorsqu’une banque présente des enjeux financiers.

L’agence gouvernementale, ayant vu le jour en 1933 en résultats à des milliers d’échecs de banques entre 1920 et 1930, demeure cependant un assureur, peu commun je vous l’accorde, mais un assureur tout de même. La FDIC reçoit des banques quelques sous par tranche de 100$ déposés dans leurs coffres. Cela peut paraître insuffisant à priori, cependant il est à se rappeler que ces quelques 5 000 banques doivent se conformer à ces règles, rendant le fonds d’urgence de la FDIC un outil plutôt robuste en cas d’un (ou plusieurs) échec de banques.

La FDIC prend donc contrôle de la banque fautive dès ses premiers faux pas, puisqu’ils sont habituellement assez substantiels pour le faire. Ce faisant, la FDIC commence déjà le processus de trouver un acheteur pour cet acteur fautif dans l’économie. Plus souvent qu’autrement, cet acheteur est une autre banque, en santé et où son bilan financier permet l’intégration de la clientèle de la banque à fermer, mais également leurs produits de dettes. En effet, les dépôts sont sauvés, tout comme les dettes, comme les marges de crédit, prêts hypothécaires, cartes de crédit et autres.

Comme mentionné plus haut, la FDIC ne couvre les comptes jusqu’à une hauteur de 250 000$. Les comptes plus fournis, personnels ou commerciaux, ont donc l’excédent de ce 250 à risque. Toutefois, la mécanique derrière les transactions menées par la FDIC, font en sorte que le prix payé couvre très souvent la portion non assurée de ces dépôts et visent à minimiser les perturbations au niveau de la clientèle, puisqu’un sentiment de nervosité dans le marché, propulse le fameux phénomène de ruée sur les banques.

Les échecs des banques d’aujourd’hui, comme la SVB, présentent cependant des différences par rapport à celles des années 1920 et 1930. Le Wall Street Journal présente le scénario de la défunte Washington Mutual, en 2008, qui demeure à ce jour la faillite de plus grande envergure aux États-Unis. Comme le graphique ci-dessous l’illustre, la proportion d’actifs assurée sous le parapluie de couverture de la FDIC représentait plus 75% des comptes de la Washington Mutual, alors que la faillite de SVB ne présentait qu’approximativement 15%.

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Cette proportion complètement inversée venait du type de titulaire de compte. La SVB, ayant une concentration élevée en compte de compagnies de technologie, crypto et de capital de risque, les comptes de plus de 250 000$ étaient nombreux. Cette proportion a accéléré drastiquement le processus de faillite pour SVB, laissant incapable la FDIC de trouver un repreneur. Il s’agit d’un évènement peu fréquent où le gouvernement américain même a dû sortir en public afin de garantir les fonds des déposants, même ceux en excès du 250 000$ prescrit. Encore une fois, la stabilité et crédibilité du système devaient prévaloir sur la nervosité.

Revenons dans le cas présent. La FDIC a repris le contrôle de First Republic Bank, a identifié JPMorgan Chase & Co comme étant un repreneur adéquat et en position financière de reprendre ce carnet de clientèle. Cette clientèle venait avec un « baggage » de 173 milliards en prêts, 30 milliards en titres et 92 milliards en dépôts. La FDIC et JPMorgan ont un accord de partager les coûts reliés aux pertes découlant des prêts hypothécaires en détresse et autres véhicules financiers présentant des risques de pertes.

Ce mécanisme de protection qu’est la FDIC présente toutefois la situation suivante, telle que soulevée par de nombreux analystes : la consolidation du secteur bancaire. JPMorgan est la plus grande banque américaine, devant la Bank of America (NYSE :BAC) et Citigroup (NYSE :C). Cette consolidation pourrait présenter un enjeu au niveau de la concurrence des services bancaires aux États-Unis, toutefois la consolation du jour demeure la sécurité des déposants, mission accomplie… pour le moment.

Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada

Sources:

https://www.bnnbloomberg.ca/jpmorgan-ends-first-republic-s-turmoil-after-fdic-seizure-1.1914344

https://www.fdic.gov/consumers/banking/facts/payment.html

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