Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada
Alors que bien des pays avaient annoncés leurs bonnes intentions vis-à-vis leurs engagements au niveau des énergies renouvelables en début d’année, l’invasion de l’Ukraine par la Russie ravive aujourd’hui bien des débats sur notre dépendance au pétrole. Les actions reprochées à M. Putin auront valu à la Russie bien des sanctions économiques venant de partout au monde. Le Premier Ministre du Canada, Justin Trudeau, a annoncé la semaine dernière l’interdiction sur l’import de pétrole russe, un geste plutôt symbolique, considérant qu’en 2020, aucun import de pétrole venant de la Russie n’a été enregistré. Il en est cependant une toute autre histoire lorsque les États-Unis et le Royaume-Uni ont annoncé cette même interdiction cette semaine.
Les deux dernières semaines ont mis en évidence la dépendance encore bien réelle des combustibles fossiles à travers le monde. L’urgence de la situation a poussé plusieurs dirigeants à se concentrer davantage sur l’approvisionnement en pétrole laissant de côté leur plan d’énergie renouvelable. Les défendants de ces plans scandent plutôt qu’il faut accélérer le remplacement des énergies fossiles par des alternatives soutenables et moins sujettes au risque politique.
Il s’agit en fait de la réalité dans l’Union Européenne, qui voit près de 40% de son import en pétrole venir tout droit de Russie. L’invasion récente de l’Ukraine ne fait qu’ajouter de la pression sur une situation déjà bien délicate. Le prix à la pompe pour les européens a connu une croissance notée de tous et la situation ne s’améliore guère. Dans le cas de l’Allemagne et de l’Italie, une interdiction d’import sur le pétrole russe n’est tout simplement pas une option. Cette énergie qui est toujours utilisée pour chauffer des milliers de logis, a grimpée à 2.19 USD (ou 2 euros), du jamais vu. En attendant la croissance du milieu des énergies renouvelables, qui est maintenant une priorité, à entendre M. Timmermans, vice-président de la Commission européenne, la dépendance aux ressources russe les poussent à l’encontre des autres pays s’unissant contre la Russie.
Au Canada, le prix à la pompe s’est également fait remarqué par les consommateurs. Malgré le fort import historique provenant des États-Unis, la compétition entre acheteurs se fait maintenant redoutable. Plusieurs régions du monde appliquent des interdictions sur les produits russes, majoritairement les produits pétroliers, puisqu’il s’agit d’une richesse naturelle du pays, cela signifie qu’il y a davantage d’acheteurs pour la production hors-Russie.
Quoique l’Alberta et la Saskatchewan ont de grandes compagnies productrices de pétrole tel que TC Énergie (TSX : TRP) ainsi que ARC Resources (TSX :ARX), la production ne peut être augmentée comme un simple robinet. L’approche législative sur la production de pétrole au Canada a restreint cette alternative au fil des dernières années. Il s’agit d’ailleurs d’un argument clé de plusieurs têtes politiques de pousser l’OPEC d’augmenter la production de pétrole afin de répondre aux besoins grandissant d’une population mondiale en déconfinement. La foulée d’interdictions ramène d’ailleurs le débat du pipeline Keystone XL de TC Énergie, qui a été mis de côté par les États-Unis sous les risques environnementaux probant.
Rebecca Babin, courtière senior sur le marché de l’énergie pour CIBC Private Wealth, mentionne notamment que ces interdictions, malgré leurs bonnes intentions de montrer le désaccord aux actions de la Russie, ajoutent des complications à la chaîne d’approvisionnement déjà peu commodes. Le baril de pétrole West Texas Intermediate a atteint près de 124$ USD et les contrats « futures » pour mai se transigeaient à 128$.
Les dernières sanctions économiques venant des États-Unis et du Royaume-Uni ont pour but de paralyser, ou du moins ralentir, l’économie de la Russie. Du côté américain, les sanctions visent également les investissements dans le secteur de l’énergie russe, imposant ainsi des restrictions sur les investisseurs et institutions. Boris Johnson, président du Royaume-Uni a également annoncé la prohibition sur les imports de pétrole russe, mais laissant toutefois voie libre au gaz naturel et au charbon de circuler, combustibles encore couramment utilisés.
Comme cité précédemment, ces sanctions mettent davantage de pression à la fois sur la production locale de pétrole mais également sur la disponibilité du populaire combustible pour les partenaires économiques proches des États-Unis. Cette incertitude face à la disponibilité a poussé l’Iraq ce mardi a annoncé sa capacité à élargir leur production afin d’atténuer ce risque. Cette augmentation pourrait même combler jusqu’à 14% du manque créé par l’absence de la Russie dans le secteur du pétrole. Cette annonce a toutefois fait chuter le prix du baril de pétrole, où le WTI a vu une baisse de 17%, jusqu’à un plancher de 105.60$ le baril. La production de pétrole en Iraq ne peut cependant pas procéder sans l’accord de l’OPEC, ce qui n’est pas chose facile.
Quoique l’OPEC n’ait pas directement répondu face à la demande grandissante de toute part à l’augmentation de la production de pétrole, le silence ne devrait pas demeurer. L’organisation s’occupant de l’uniformité des produits exportés et de production pétrolière ne déroge pas de sa position, réitérant que la production globale est suffisante pour répondre aux besoins actuels.
Malgré tout, et au grand dam de plusieurs, les investisseurs ont été en mesure d’engranger des gains impressionnants venant de cette montée des prix du pétrole. A regarder le graphique du prix du baril, il est facile de voir à quelle échelle ces gains peuvent s’établir. Par exemple, le titre bien connu de la firme Horizon ETFs, BetaPro Crude Oil Leveraged, ticker HOU, a grimpé de 89% ce dernier mois. Ce titre propose en réalité une exposition de 200% aux mouvements quotidiens des contrats futures du pétrole brut. Comme quoi, même dans une situation d’urgence, les profits peuvent être au rendez-vous.
Sources :
https://www.bnnbloomberg.ca/energy-policy-handcuffs-canada-amid-russian-oil-ban-kvisle-1.1734649
https://calgary.ctvnews.ca/what-the-u-s-ban-on-russian-oil-imports-means-for-alberta-1.5811011
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