Quoique les prix du pétrole aient retenu l’attention ces derniers temps, l’industrie dans son ensemble attire maintenant les regards. Suivant la transaction d’ExxonMobil (NYSE :XOM) il y a quelques semaines sur Pioneer Natural Resources (NYSE :PXD), voilà qu’une autre transaction d’envergure tombe sur les marchés. Tout comme le baril de pétrole, cette dernière est chèrement payée dans une poussée qui dénote la consolidation du secteur.
Débutons d’abord par cette transaction d’Exxon. L’acquisition de Pioneer Natural Resources s’inscrit dans la transformation de leur portefeuille d’opérations dites « en amont », soit les phases initiales de la production de pétrole comme l’exploration, le forage et l’extraction. Pioneer était jusqu’à présent une des plus grandes compagnies indépendantes au niveau de l’exploration pétrolière aux États-Unis. La compagnie, basée à Dallas au Texas, accélérera l’agenda d’Exxon sur plusieurs fronts. Notamment, l’aspect technologique, ressource financière et sans oublier, un inventaire valant son pesant d’or.
La transaction par elle-même a fait tourner les têtes : 59.5 milliards de dollars américains seront versés aux actionnaires de Pioneer, soit $253 par action, une prime de 2.30% par rapport au prix de l’action en date du 23 octobre 2023. Cet achat se réalisera via un échange complet d’actions, où 2.32 actions d’Exxon seront émises aux actionnaires de Pionner pour chaque action détenue. Le marché a tout de même accueilli cette nouvelle avec optimisme, le titre progressant de 3% dans les deux jours suivants l’annonce. La cible a également fait écho du gain de 3% sur le même horizon de temps, à croire que les deux parties y voient un accord équitable.
Source : Tradingview, Cours 1 mois des titres NYSE :XOM & PXD, 2023-10-23
Les analystes ont perçu cette transaction comme l’une des pierres angulaires de la consolidation de l’industrie. Le bassin Permien, un bassin de pétrole géographiquement situé à la jonction du Mexique, du Texas et du Nouveau-Mexique, s’inscrit comme un endroit clé pour de nombreux producteurs ces dernières années. De nombreuses transactions, à différentes échelles de prix, ont été conclues pour l’accès à cette région. Parmi elles, nous y retrouvons la vente d’Anadarko à Occidental Petroleum (NYSE :OXY), Chevron (NYSE :CVX) faisant l’acquisition de Nobel Energy pour une terre de 92 000 acres, ainsi que ConocoPhillips (NYSE :COP) acquérant le bloc d’affaires de Shell et Concho Resources pour un combiné de 27 milliards.
Aujourd’hui, le secteur pétrolier est témoins d’une autre de ces transactions, lui aussi, de taille. Pas moins de 53 milliards de dollars, s’illustrant comme une riposte à la transaction d’Exxon. Chevron a annoncé son intention d’acquérir Hess (NYSE :HES), un autre opérateur indépendant dans le milieu. L’ajout de celle-ci solidifie la vision long terme de la direction et améliore les flux de trésoreries disponibles à partir de 2030, sans parler de leur capacité de production. Les bienfaits stratégiques ne s’arrêtent cependant pas là. Chevron se verra être également un partenaire minoritaire à 30% dans le bloc outremer de Stabroek en Guyane, au nord de l’Amérique du Sud.
Les actionnaires de Hess recevront 1.025 actions de Chevron pour chacune de leurs actions ou l’équivalent de 171$ par action. La transaction regroupe donc 465 000 acres d’opportunités de forage pour Chevron, en plus de solidifier le créneau du milieu, soit le transport, stockage et commercialisation en gros. John Hess, PDG actuel de Hess, joindra le Conseil d’Administration de Chevron, reflétant l’importance de cette dernière addition aux opérations.
L’industrie pétrolière a été hautement exposée à ses points faibles ces dernières années. Cette chaîne d’approvisionnement complexe et fragile est à la base de cette dernière vague de consolidation. Comme les frais généraux de maintien, d’entretien et d’opérations sont tous aussi élevés les uns que les autres, les joueurs ont plutôt adopté une approche de consolidation afin de diminuer leurs coûts. Cette diminution de coût est davantage l’effet de dilution qu’un ensemble d’activités peut bénéficier en amortissant les mêmes frais sur cette base élargie.
Du côté de Deloitte, on mentionne la course des pétrolières. Elles cherchent à agir rapidement aujourd’hui, dans l’objectif de se prémunir des accès les plus intéressants, de la plus grande superficie d’exploration ou encore de la plus grande flotte en termes de capacité. En 2022, le bassin Permien, mentionné plus tôt, représentait 28% des transactions de fusions et acquisitions. Il est bon toutefois de mentionner que 82% des ententes conclues sur le marché étaient au niveau de l’étape intermédiaire (dit midstream) sur le gaz naturel, et non du pétrole.
Ce qui nous amène donc au dernier point de cet éditorial : l’environnement. Quoiqu’il soit toujours intéressant et excitant de voir des transactions de plusieurs dizaines de milliards se conclure, les environnementalistes se demandent plutôt à quand sera la fin de l’exploration pétrolière. Ces géants élargissent sans cesse leur capacité exploratoire et de production et mentionnent presque à tout coup l’accélération vers leur plan « net-zéro » d’ici 2050.
Malheureusement, il demeure difficile d’observer ces changements venant de ces corporations. Le point encourageant, malgré tout, est que depuis 2010, 44% des transactions de M&A se sont déroulés dans le créneau de l’énergie propre, soit l’énergie éolienne ou solaire. La pandémie a amené une recrudescence de l’intérêt de tous envers les produits dérivés du pétrole, s’évaluant à environ 26 milliards en transactions corporatives entre 2020 et 2022. Ce chiffre est vraisemblablement voué à grimper selon les dernières annonces et l’analyse qu’on fait aujourd’hui du marché.
Il est vrai cependant que la vision élargie de ces conglomérats pétroliers amène également leur lot d’exploration d’énergie propre, en plus de leurs investissements en R&D afin d’être chef de file lors de la prochaine révolution énergétique sur notre globe. Comme quoi, le progrès se fait parfois au détriment de l’environnement.
Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada
Sources:
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