Le secteur automobile est loin d’être inconnu à l’économie canadienne. Les développements des derniers mois avec les incitatifs canadiens et américains ont macérer et raviver certaines discussions que l’ont croyaient tous conclues. Lors d’un billet précédent où l’on illustrait les prouesses du Gouvernement du Canada afin d’égaler les incitatifs monétaires de nos voisins du sud, celles-ci se sont avérées être un filon doré pour d’autres qui n’ont pas eu la chance de cette générosité soudaine.
Le développement des batteries pour voitures électriques est devenu un vecteur de croissance pour le développement de notre avenir routier. Il va sans dire que les gouvernements partout sur le globe s’y donnent cœur et âme afin d’attirer cette expertise localement et ces efforts se chiffrent à coup de dizaines de millions de dollars. En se mettant dans les chaussures des compagnies désirant développer cette coûteuse expertise, il est normal de courtiser les gouvernements promettant les incitatifs les plus élevés, qui se traduiront par l’innovation dernier crie, et ce, plus rapidement.
Il s’agit exactement des mêmes incitatifs qui ont poussé la coentreprise entre Stellantis (NYSE :STLA) et LG Energy Solution (KRX :373220) à revoir les termes et conditions de leur entente avec le gouvernement canadien. Ce lundi, en guise de pression sur le gouvernement, le projet a décidé d’arrêter tout développement et construction sur le chantier de production de batteries, citant que la partie gouvernementale avait échoué de rencontrer ses engagements. Quoique lesdits engagements demeurent nébuleux, l’engagement du fédéral était initialement de 500 millions, alors que les deux autres parties devaient prévoir plus de 5 milliards.
Cette entente, qui avait été annoncée en mars 2022, était alors brodée comme étant l’investissement le plus important au niveau automobile en Ontario. Elle prévoyait l’ajout de plus de 2500 emplois de qualité dans la province et une capacité additionnelle de 45 gigawattheures, afin d’alimenter les usines de Stellantis en Amérique du Nord. Le début de la production était alors prévu pour le premier trimestre de 2024, et en pleine production dès 2025. L’initiative avait alors pour objectif d’attirer davantage d’investissements en Ontario et d’en faire un centre automobile pour la prochaine génération de véhicules électriques.
Le dernier volte-face de l’entente fait irruption quelques semaines après la publication de l’entente avec Volkswagen (Xetra :VOW). Cette entente toute fraîche, comme illustrée dans le billet s’y consacrant, mettait de l’avant 13.7 milliards de dollars en subvention et autres incitatifs financiers. Cette entente égalait les incitatifs promis par les États-Unis, découlant de l’Inflation Reduction Act annoncée par M. Biden. Malheureusement pour le joint-venture de Stellantis, l’Inflation Reduction Act a été adoptée quelques mois après l’annonce de leur entente avec le gouvernement canadien, qui était alors le plus grand investissement automobile.
Ces nouveaux incitatifs ont été revus par les dirigeants de Stellantis et LGES dans les dernières semaines et ont jugé inadéquate l’entente obtenue avec le gouvernement en mars 2022. L’accord avec Volkswagen représente plus de 27x les incitatifs obtenus à cette époque, d’où émerge le sentiment d’iniquité entre ces ententes. Le plan de contingence activé par la direction du projet de Windsor en Ontario prévoit l’arrêt complet du chantier de construction de l’usine, retardant jour après jour l’ouverture de celle-ci. La réouverture du chantier repose sur une aide financière jugée appropriée par les deux parties, comparativement au pari faramineux qu’ils ont pu être témoins avec Volkswagen. Il est à noter que la phase la plus onéreuse de la construction d’une usine de la sorte vient avec l’achat et l’installation de la machinerie nécessaire à la conception et fabrication des composantes. Alors que ce stage n’est pas encore atteint, il peut devenir réaliste de voir une relocalisation du partenariat au sud de la frontière et ainsi avoir la chance d’obtenir une part jugée adéquate pour le niveau de production et progression technologique qu’ils offrent.
Les négociations sont cependant actives et madame Freeland, ministre des Finances du cabinet Trudeau est persuadée qu’une entente pourra être conclue afin de reprendre les travaux de cette usine. Elle indique cependant que les ressources du gouvernement sont limitées et que les ententes ne peuvent être renégociées à qui bon semble, et que l’accord avec Volkswagen représente un engagement ferme et économique sur le futur du développement durable.
Ces derniers développements surviennent alors que le Canada tente de rencontrer leur engagement environnemental sur la vente de véhicule électrique. Un véhicule sur cinq devrait être électrique, et ce, d’ici 2026. Avec la lenteur et les délais du développement des véhicules, peu importe les raisons soient-elles, il est à se demander si cette cible pourra être atteinte.
Source : Tradingview – Cours des titres NYSE :STLA et KRX 373220, 3 mois, 2023-05-15
Malgré les annonces ce lundi, les titres respectifs des deux constituants n’ont pas réagi excessivement, Stellantis perdant près de 0.70% et LG reculant d’à peine 0.35%. Le secteur demeure une priorité pour l’économie canadienne et encore plus considérant que les ressources naturelles sont disponibles à même le territoire. Il ne serait pas surprenant de voit le gouvernement revoir sa stratégie face à ce type d’investissement afin de ne pas mettre ses œufs dans le même panier (en investissement, la diversification est toujours gagnante!).
Il ne s’agirait qu’une question de temps afin de voir un amendement à l’entente conclue en début de 2022 face aux conditions qui plombent aujourd’hui le marché difficile de l’automobile qui se trouve maintenant à la croisée des chemins.
Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada
Sources:
https://www.bnnbloomberg.ca/stellantis-halts-construction-at-windsor-ont-ev-battery-plant-1.1920394
https://www.cbc.ca/news/canada/windsor/automotive-analysts-stellantis-plant-1.6843446
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