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L’inflation, contrée simplement

Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada

 

Les derniers chiffres sur l’inflation dévoilés par la Banque du Canada pointent vers une conclusion à laquelle économistes et analystes s’attendaient depuis quelques mois. Les pressions de la pandémie sur les chaînes d’approvisionnements, la main-d’œuvre ainsi que les finances du pays commencent à se faire sentir sur le portefeuille des individus et familles. Les derniers chiffres reportés de 4.7% sont des preuves que la Banque du Canada éprouve certaines difficultés à la contrôler.

 

L’inflation, comme beaucoup le savent, est détrimentaire au pouvoir d’achat d’un individu. Il s’agit du calcul de l’augmentation des prix d’un panier type. Cette donnée est calculée à l’aide d’un outil nommé l’IPC, ou Indice de prix à la Consommation. Cet indice regroupe les catégories de près de 700 items ou services courant afin d’obtenir un portrait global des prix au Canada. Alimentation, logement, transport, meubles, électroménagers, vêtements; tout s’y retrouve normalement. Le rôle primaire de la Banque du Canada est de contrôler l’inflation de manière à ce qu’elle soit faible et stable au fil du temps.

 

La Banque du Canada reçoit, depuis plusieurs décennies, le mandat de conserver l’inflation dans la fourchette de 1% à 3%. Le consensus général étant la cible de 2%. Le 13 décembre dernier, ce mandat a été renouvelé, tout en ayant une attention particulière sur le marché de l’emploi. Alors que ce dernier item n’était pas au front de leurs mandats passés, cette fois-ci il a été bien spécifié que l’emploi devait également faire partie du mandat.

 

Le mandat fait également état du contrôle réel que la Banque possède sur l’inflation. Alors que l’IPC regroupe en théorie tous les items de notre panier mentionné plus haut, les chiffres montrés sont souvent des mesures modifiées de l’inflation. L’IPC tronqué par exemple, une des mesures privilégiées, retire les items à variation élevée durant la période d’observation, soit les distributions de 20% au-dessus de l’IPC moyen et 20% en deçà de celui-ci. Ce faisant, 40% du panier est automatiquement retiré. Comme certains biens connaissent un prix plutôt volatil en temps normal (oui, je te regarde, prix de l’essence), ils sont très souvent exclus des chiffres présentés.

 

L’IPC est également pointé du doigt sur d’autres fronts. Entre autres, le phénomène de ‘’shrinkflation’’, ou le format des items achetés réduits, sans toutefois voir leur prix être réduit pour autant. Cette pratique est devenue courante parmi les fabricants et manufacturiers ces dernières années et permet aux compagnies de refiler la hausse des coûts de production au consommateur subtilement.

 

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Dans les récents mois, la Banque du Canada s’est fait prendre de court sur la progression des prix. Les 7 derniers mois montrent de l’inflation au-delà à la fourchette supérieure de 3%, inquiétant économistes, analystes et citoyens. L’inflation est actuellement à un niveau qui n’avait pas été vu depuis 2003. Un des problèmes de l’inflation trop élevée en peu de temps est que les étiquettes de prix progresseront à une vitesse beaucoup plus rapide que la hausse des salaires de manière générale. Il s’agit d’une boucle dans laquelle la Banque du Canada ne veut pas demeurer trop longtemps.

 

Et comment est-ce que cela peut vous toucher directement me demanderez-vous? Les réponses sont multiples. Votre épicerie coûtera plus cher (et cela semble vouloir persister en 2022), votre argent dormant dans un compte de banque régulier perd de son pouvoir d’achat, vos investissements perdent également ce même pouvoir. Pour certains, il s’agit de leur plan de retraite qui en absorbe le coup. Quoiqu’il n’y ait pas de recette magique pour contrer cette poussée des prix, certains outils et stratégies peuvent être déployés afin de minimiser les impacts.

 

Une des stratégies connues est la recherche de dividendes. La protection contre l’inflation vient notamment du fait que ces titres verseront des dividendes plus élevés que ce qui pourrait être reçu via les coupons d’une obligation. Certains secteurs, tels que les biens de consommation de base, sont habituellement de bons véhicules durant une période inflationniste. Les détaillants fournissant de la nourriture, des vêtements, produits de soins personnels et autres devraient connaître des revenus stables, voir croissants, leur permettant de verser de plus gros dividendes. Le fond négocié en bourse de Invesco Equal Weight Consumer Staple (NYSE :RHS) présente un bon portrait de diversification dans cette catégorie.

 

Une alternative aux titres à dividendes dans ces secteurs reliés à l’inflation consiste à investir dans un actif dit protégé contre l’inflation. Ces véhicules, souvent caractérisés comme TIPS en anglais, ou Treasury-inflation protected securities offrent une protection contre l’inflation en étant indexé à la métrique en question. Cette solution prend cependant une tangente de protection plutôt que de gain sur un horizon long terme.

 

Certains investisseurs préfèreront se réfugier vers des titres d’infrastructure et d’immobilier. Ces titres sont également considérés comme étant une bonne protection contre l’inflation puisque les valeurs des infrastructures derrière sont étroitement reliées au taux d’inflation (venant de leur liberté d’augmenter les loyers des locataires). La structure derrière ces titres est souvent en tant que Real Estate Investment Trusts, ou REITs, ou la compagnie opérante reçoit une multitude d’allégements fiscaux, mais doit cependant distribuer près de 90% de leur revenu imposable aux actionnaires. Ces distributions viennent, tout comme les dividendes, minimiser l’impact des pressions inflationnistes. Il y a cependant un risque supplémentaire, gracieuseté de la pandémie, où les REITs à vocation commerciale semblent déjà chamboulés par le manque de clientèle visitant leurs différents centres commerciaux et par le fait même, de boutiques louant ces locaux. Il pourrait être judicieux de regarder dans le secteur des soins médicaux, comme le Community Healthcare Trust (NYSE :CHCT), offrant un rendement de dividende de 3.91%.

 

Il y a également l’option, quoique coûteuse, d’acquérir un actif réel, tel que des terres agricoles, immeubles à logement ou autre afin de se bâtir une protection face à l’inflation. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que la récente poussée des prix ne devrait pas atteindre les niveaux alarmants de 1970 où l’inflation a pu atteindre le 14%. D’ailleurs, la hausse des taux possible dès 2022 semble en calmer plus d’un sur les marchés.

 

 

Sources : 

https://www.bnnbloomberg.ca/liberals-to-detail-new-bank-of-canada-marching-orders-on-inflation-targeting-1.1694989

https://globalnews.ca/news/8446306/bank-of-canada-new-mandate-inflation-housing/

https://www.bankofcanada.ca/rates/indicators/capacity-and-inflation-pressures/inflation/

https://www.cnbc.com/2021/12/13/real-estate-investment-trust-are-one-option-for-inflation-protection.html

https://www.macleans.ca/economy/inflation-worsening-2022-canada/

 

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