Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada
Depuis maintenant plus d’un mois la Russie tente d’envahir l’Ukraine, avec un succès plutôt mitigé. Alors que la pandémie amenait déjà son lot de problème à travers notre économie, Vladimir Putin aura contribué aux maux de tête logistiques de notre approvisionnement en pétrole. Si vous avez lu les billets des semaines précédentes, l’approvisionnement mondial en produit pétrolier dépendait en partie sur la production russe. Les pays imposant des sanctions économiques ou autres limites auront fait mal au financement de la Russie. Toutefois, pour des régions du monde comme l’Europe, où l’interdiction d’achat de pétrole russe n’était pas une option, la poussée vers des économies vertes est encore plus réelle. Apportons un regard sur les énergies renouvelables et leurs opportunités.
Faisons un court résumé de la situation. Les mesures économiques imposées contre la Russie, majoritairement contre l’achat de leurs produits pétroliers, causèrent de la panique dans nos systèmes d’approvisionnement. La ressource se faisant plus rare en écartant l’un des plus grands producteurs, le cours du pétrole monta en flèche. Une réaction exagérée provenant de vendeurs et d’acheteurs, tentant de sécuriser leurs inventaires.
Source : Trading Economics – WTI USD/bbl – 1 year
Cette panique sur les marchés a été reçue par les grands acteurs de la scène politique, à pousser pour le développement des énergies renouvelables. Quoique les raisons sous-jacentes soient quelque peu entachées par la guerre déclenchée par M. Putin, il s’agit peut-être du son de cloche qui était nécessaire afin d’enclencher le virage vert. La transition envisagée par l’Allemagne en réponse aux développements en Russie, est d’accélérer l’utilisation des énergies solaire et éolienne afin d’avoir 80% de leur besoin énergétique rempli par le renouvelable, et ce, pour 2030.
Il sera donc intéressant de voir dans les prochains mois, voire années, comment les titres des producteurs d’énergie renouvelable ou manufacturiers de pièces pour ce type d’installation prendront place dans l’économie. Depuis la fin de 2021, la tendance aura été à la baisse, jusqu’à, étrangement, le mois de février. Par exemple, le cours du fonds négocié en bourse iShares S&P Global Clean Energy Index Fund (NASDAQ :ICLN) a grimpé de 12% depuis le début de février, montrant déjà certains signes d’engouement pour le milieu. À titre informatif, cet index est composé d’entreprises œuvrant directement dans la production d’énergie solaire, éolienne et d’autres sources, comme Enphase Energy, Consolidated Edison Inc et Vestas Wind Systems.
Source : Nasdaq – Nasdaq :ICLN historique de prix 1 an – 28/03/2022
Sur la scène locale, M. Trudeau mentionne également le tournant que nous devrons prendre en ce qui concerne nos sources d’énergie. Notamment, une meilleure coopération au niveau du développement de l’hydrogène est envisagée. Ces commentaires suivent les discussions tenues avec ses homologues européens la semaine dernière et le refus du G7 de payer leur dette en Roubles russe envers le pays fautif. La dégringolade du Rouble a été l’un des premiers impacts notables des sanctions économiques imposées sur le pays.
Dans la même lignée que l’énergie renouvelable, mais sur un plan d’économie complètement différent, un débat refait surface quant à l’utilisation du minage de Bitcoin et son impact environnemental. Alors qu’il a été largement pointé du doigt pour son utilisation extrême en énergie, le minage de Bitcoin est maintenant défendu par analystes, mineurs et entreprises, notamment puisque les activités sont davantage produites avec les producteurs d’énergie renouvelable, avec qui de nombreux partenariats se développent par les temps qui courent.
Toutefois la perception négative du minage de Bitcoin demeure, et ce, peu importe la source d’énergie utilisée. Preuve flagrante de ce constat à la fermeture à cette technologie, des législations apparaissent interdisant le minage de Bitcoin à grande échelle afin de préserver les ressources locales pour un usage « réel ». Il est vrai que la consommation, à échelle égale, venant du minage est plus élevée que bien d’autres sources énergétiques. Elle demeure toutefois plus basse que le minage d’or et du cuivre selon une étude de Morgan Stanley.
Un des problèmes est que l’industrie du minage de Bitcoin demeure profitable pour une grande partie de la population. L’accès à l’énergie à petit prix rend cette profitabilité alléchante. Toutefois, les mineurs poussent tous pour l’énergie renouvelable encore moins dispendieuse, tels les cours d’eau naturels ou encore l’énergie éolienne. Le besoin en énergie venant du minage aura rendu la vie difficile à plusieurs régions lorsque ces besoins concordaient malencontreusement avec les besoins énergétiques de leur population.
Certains modèles d’affaires reposent cependant sur le minage et l’utilisation d’énergie renouvelable. Un des exemples dignes de mention est celui de CleanSpark (NASDAQ :CLSK). Près de 90% de leur chiffre d’affaires est tiré du minage de Bitcoin, mais font toutefois l’effort de générer eux-mêmes la majorité de la puissance requise afin de miner. Elle achète même des crédits environnementaux afin d’être complètement carboneutre. Et avant de les blâmer d’utiliser cette « voie rapide » vers la carboneutralité, la majorité des entreprises se dotant aujourd’hui de ce titre utilisent cette même technique d’achat de crédit. CleanSpark se dote donc de système de minage de Bitcoin, de panneaux solaires résidentiels, de solutions énergétiques commerciaux et de logiciel aidant à la surveillance de consommation d’énergie utilisant l’IoT (Internet of Things).
Donc, en attendant que le prix de l’essence à la pompe diminue, ou que les voitures électriques deviennent plus accessibles à la classe moyenne de la population, des alternatives sont recherchées. Comme une grande majorité de travailleurs font toujours leur prestation de service de la maison en raison de la pandémie, peut-être qu’un deuxième tour de roue sera à prévoir sur l’utilisation réelle du minage de Bitcoin. Après tout, certains ont trouvé le moyen de chauffer leur domicile avec ce système qui, non seulement, se paie par lui-même grâce à la monnaie générée, mais également d’empocher un surplus. Des opérations plutôt difficiles à intégrer dans une déclaration d’impôts non?
Sources :
https://www.morganstanley.com/ideas/esg-cryptocurrency-pros-cons/
https://www.nasdaq.com/articles/why-clean-energy-is-key-to-crypto-miners-success
L’auteur de ce billet déclare ne détenir aucune position dans les titres mentionnés ni avoir l’intention d’initier de positions dans les 72 prochaines heures. Cet article est une opinion et ne doit en aucun temps être considéré comme un conseil en investissement.
Le contenu de ce billet, les données financières et économiques incluant les cotes boursières ainsi que toutes analyses et interprétations de celles-ci sont fournies à titre d’information seulement et en aucun cas ne doivent être considérées comme étant une recommandation ou un conseil d’acheter, de vendre, de vendre à découvert ou poser tout autre acte envers toute valeur mobilière, tout instrument dérivé ou tout actif ou classe d’actif quelconque.
L’investissement autonome actif devrait être considéré comme une activité de nature spéculative qui peut comporter des risques importants pouvant entraîner des pertes significatives en capital. Un investisseur autonome actif se doit d’avoir une compréhension de sa tolérance au risque et de ses objectifs d’investissement avant de considérer l’investissement autonome actif comme activité.
DayTrader Canada et les membres de son équipe ainsi que les collaborateurs externes ne peuvent donner aucune garantie ni assurance que les transactions boursières effectuées par ses lecteurs ou clients seront profitables. De plus, les membres de l’équipe de DayTrader Canada, ses formateurs et les collaborateurs externes, ne donneront, en aucun cas durant des formations ou toutes autres activités, des recommandations d’achat ou de vente sur des instruments financiers en particulier.
DayTrader Canada, ses administrateurs, dirigeants, employés et mandataires ne seront aucunement responsables des dommages, pertes ou frais encourus à la suite de la mise en application des notions apprises dans ses formations et/ou de l’utilisation de ses services.