Cette semaine, nous laisserons de côté les entrées en bourse et le marché financier traditionnel afin de laisser place au marché des cryptomonnaies. Quoique ce segment niché de l’industrie n’ait pas attiré les foules ces derniers mois, quelques déroulements notables ont tout de même eu lieu. Pour ceux, au contraire, qui ont suivi les déroulements du milieu, malgré sa performance décevante, vous saurez tout de même enjoué que de voir un produit de crypto vraisemblablement sur les tablettes de vos fournisseurs de FNBs préférés.
Le Bitcoin ($BTC), malgré son silence des derniers mois compte tenu de sa pauvre performance, n’est néanmoins pas disparu pour autant. Les investisseurs ont d’ailleurs regardé avidement les plus récentes demandes auprès de la SEC, avant d’obtenir une lueur d’espoir. Mais pour cela, nous devons retourner plusieurs années en arrière. Les premières demandes répertoriées de la SEC afin d’autoriser un FNB, ou ETF en anglais, sur la cryptomonnaie, ont été faites alors que celle-ci ne valait que 90$ l’unité. À titre informatif, la dernière fois que le Bitcoin était évalué à 90$ était autour de juillet 2013.
Depuis cette première requête, qui a rapidement été rejetée par les autorités, de nombreuses entités ont également tenté leur chance de faire approuver ce nouveau véhicule d’investissement. Les rejets, les uns après les autres, faisaient des vagues de pessimismes sur les marchés en emportant avec elles tout espoir de progression, et ce, jusqu’en 2021, là où un premier véhicule financier axé sur le Bitcoin a été accepté.
Le ETF, ticker BITO, conçu par ProShares, a été la première lueur d’espoir depuis la conception du jeton digital. Le FNB a été lancé en octobre 2021 sur les marchés, et a réussi malgré lui à accumuler près d’un milliard de dollars en à peine deux jours. Le problème est que le progrès s’est en réalité arrêté là, les investisseurs intéressés se faisaient rares, et ce, parce que l’outil proposé n’investissait pas directement dans le Bitcoin, mais bien dans les futures de Bitcoin. Pour faire un topo léger, un contrat future est un contrat entre deux parties qui fixe le prix d’un certain actif, habituellement des marchandises ou matières premières, pour un achat ou vente future.
Entre maintenant en jeu, un des plus grands acteurs de la scène : Grayscale Investments. Grayscale est l’un des plus grands gestionnaires de cryptomonnaie au monde et a permis l’évolution de nombreux projets dans le milieu. Ils ont notamment mis sur pied des produits d’investissements sous forme de fiducie de placement, dont le GBTC pour le Bitcoin, mais également le BLNK pour la cryptomonnaie Chainlink ($LINK), ETCG pour l’Ethereum ($ETH) et même le GDLC, pour une exposition à la decentralized finance (DeFi).
Aujourd’hui, Grayscale est l’un des fervents porteurs des espoirs d’un FNB dit spot, soit, qu’il peut s’engager sur l’achat et la vente de Bitcoin sur le marché. La compagnie détient sous son produit de fiducie Bitcoin plus de $16 milliards d’actifs sous gestion. Ils ont, eux aussi, lancé leurs applications auprès de la SEC dans les dernières années, sans succès, jusqu’à récemment.
Après un autre refus de la SEC, Grayscale a décidé de revenir contre eux, en les accusant de refuser la conversion de la fiducie de placement en FNB pour aucune raison valide. Ce qui a d’ailleurs été entendu et donné raison à Grayscale à la suite d’un jugement de la Cour en fin août 2023. Cette victoire majeure dans le monde de la cryptomonnaie a notablement fait bondir le marché et avec raison. D’ailleurs, quatre membres du Comité de la Chambre des Services Financiers des États-Unis ont envoyé une lettre à M. Gensler, chef de la SEC, mentionnant qu’il n’existait aucune différence notable entre le FNB de future précédemment accepté, et celui du marché spot, comme le propose Grayscale.
Depuis ces déroulements, de nombreux acteurs politiques ont sorti publiquement afin de dénoter l’aspect plus sécuritaire qu’un investisseur posséderait en investissant directement avec un manufacturier de FNB plutôt que de se lancer dans le transactionnel de cryptomonnaies. Notamment, l’aspect de self-custodial refait surface, ainsi que le volet sécurité, qui a, et est encore aujourd’hui, largement critiqué dans la sphère de la crypto.
Avec cette victoire récente, d’autres joueurs ont fait connaître leurs intentions de demander leur propre véhicule d’investissement à saveur cryptographique. Ark Invest, firme de gestion d’actif hautement médiatisé dû à sa fondatrice Cathie Wood fait notamment partie de ces joueurs. BlackRock en est un autre d’importance dans le milieu et tous les signes pointent vers la possibilité que les quelques quinzaines de véhicules fiduciaires présentement dans les coffres de Grayscale, voient le jour sur les marchés financiers traditionnels.
Le narratif autour de la poussée publique de cette nouvelle classe d’actif réalise 2 visions propres à l’univers de la crypto. L’intégration de la cryptomonnaie comme étant une classe d’actif à part entière dans la planification financière des individus, mais également, l’adoption institutionnelle de cet actif. C’est précisément ce deuxième objectif qui risque de pousser la prochaine vague d’innovation dans le secteur.
Après tout, les grandes institutions auront avantage à utiliser les produits disponibles sur le marché public afin de diversifier leurs investissements, sans prendre de risque indu, comme pourrait l’être en détenant soi-même ces actifs cryptographiques.
Malheureusement pour les investisseurs, la SEC aurait repoussé leur verdict, initialement attendu pour novembre 2023, à janvier 2024. Je concède que la différence de quelques mois n’est pas insurmontable, cependant, après les années rocambolesques vécues jusqu’à présent, tout semble indiquer que les investisseurs auront finalement droit à un FNB spot de Bitcoin et ce, malgré les convictions des autorités en place.
Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada
Sources :
https://decrypt.co/198888/sec-delays-spot-bitcoin-etf-decision-second-time
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