Le nombre de véhicules électriques sur la route est en grande ascension un peu partout sur le globe et le Canada ne fait pas chambre à part. Quoique dispendieuse, de plus en plus de consommateurs optent pour l’énergie électrique afin de propulser leur véhicule quotidien. Avec les avancées sur la technologie utilisée dans les batteries ainsi que les grands partenariats entre grands joueurs, il se pourrait bien que le rêve de pouvoir mettre la main sur l’une de ces machines devienne réalité. Cette réalité toutefois, viendra avec un coût, que le consommateur devra absorber et ce, qu’il conduise un véhicule électrique ou non.
Ce n’est pas une très grande surprise que de voir les grands fabricants automobiles sortir de nouveaux prototypes de batteries et véhicules électriques ces jours-ci. Volkswagen AG (Xetra : VOW) en est un excellent exemple. Le fabricant de marques populaires a livré 8.3 millions d’unités en 2022, soit une baisse de 7%, attribuable aux retards dans la chaîne d’approvisionnement. Cela n’a toutefois pas empêché la compagnie d’engranger quelques 279.2 milliards d’euros en revenus, soit 12% d’augmentation par rapport à 2021.
Malgré que le plan d’affaires de Volkswagen soit demeuré virtuellement inchangé, la fin de 2022 apportait une réitération de leur direction pour le futur : l’électrification et digitalisation. Cette tangente n’est pas nouvelle en soi. Par contre, les investissements majeurs le sont. En 2022, Volkswagen créait une filiale, PowerCo, ayant pour objectif de se concentrer uniquement sur la fabrication de batteries pour véhicules électriques. La société mère met de l’avant la demande qui n’est pas encore rencontrée aujourd’hui ainsi que la projection de cette demande. La demande à l’interne provenant du géant européen et de ses différentes marques de commerce ne fait qu’augmenter d’une année à l’autre, illustrant le besoin pressant de l’industrie automobile.
Source : Volkswagen – Introduction to PowerCo, November 2022
L’approche de Volkswagen pour sa flotte de véhicules est toutefois quelque peu différente de ses compétiteurs, quoiqu’elle soit imbibée de sens. Le format même des batteries sera constant à travers des divers modèles offerts. La composition chimique dans celles-ci sera différente et procurera une meilleure autonomie aux conducteurs optant pour une batterie de meilleure performance. Le bémol sera le prix, évidemment.
Ces développements au niveau électrique se sont effectués via la construction d’une centrale de plomb à Salzgitter en Allemagne, un investissement de 3 milliards d’euros en partenariat avec Umicore JV pour la production de cathode, métal incontournable pour les batteries au lithium-ion. Le fabricant indiquait d’ailleurs ses investissements en R&D en 2022 atteignant le 8.2% de son chiffre d’affaires, soit 18.9 milliards et qu’un 8% peut être anticipé pour l’exercice de 2023.
Ces investissements sont d’ailleurs alignés avec le momentum qu’a connue la flotte électrique de Volks en 2022. La proportion de véhicules électriques vendus représentait 7% du chiffre d’affaires lors de la dernière année et affichait une croissance de 1% à 2% par trimestre. Les estimations préliminaires pour 2023 sont de 10%, une marge supérieure considérable pour le géant qui tente d’effectuer son virage électrique.
Source : Volkswagen AG Annual Media, Analyst and Investors conference 2023
À travers son prospectus de présentation aux investisseurs, Volkswagen illustre ses intentions d’intégrer verticalement ses composites de batteries à même ses opérations. Le fabricant est pleinement en connaissance de cause lorsqu’il mentionne que près de 40% du coût d’un véhicule électrique se situe au niveau de la batterie, et s’efforcera de tous les fronts afin d’intégrer cette étape à la fabrication afin que les consommateurs puissent bénéficier de leurs avancées à un coût plus abordable qu’aujourd’hui.
Fidèle au prospectus présenté, le Gouvernement du Canada a annoncé qu’une entente avait été conclue avec le géant européen Volkswagen afin de construire une centrale de fabrication de batteries pour véhicules électriques à St-Thomas en Ontario. L’investissement se chiffre à près de 13 milliards de dollars canadiens, en plus de subventions à hauteur de 700 millions, un investissement total qui, curieusement, correspond à ce que les États-Unis offraient de leur côté de la frontière.
La construction de la centrale coûterait près de 7 milliards et devrait être en mesure de produire approximativement 1 million de batteries automobiles par an. Quelque 3 000 emplois seront créés avec cette initiative et deviendra, par une large marge, le plus grand fabricant au pays. Comme discuté plus haut, la filiale qui opèrera la centrale devrait être PowerCo, afin d’atteindre leur objectif de 2027.
Mentionné dans des billets précédents, il est vrai que le territoire canadien présente des opportunités au niveau des minéraux précieux, notamment au lithium, pouvant également attirer les grands fabricants au pays. L’aspect quelque peu critiqué est le montant offert à Volkswagen, en compétition avec ceux des États-Unis via leur Inflation Reduction Act. Il est à se rappeler que l’économie américaine est quelque 24x plus grande que celle du Canada en se fiant sur le PIB, signifiant que le Gouvernement local ne dispose pas des mêmes moyens en termes de liquidités que nos voisins du sud.
Le Gouvernement de Justin Trudeau estime toutefois que la création d’emploi, le rapatriement de l’expertise au pays ainsi que l’accession à l’automobile verte surpassent les coûts d’implanter cette centrale. Selon M. Trudeau, cette initiative pourrait se chiffrer à près de 200 milliards pour l’économie canadienne dans la prochaine décennie.
Il est fort bien à parier que ces subventions se feront à même les poches des contribuables au fil des années. Lorsque le Gouvernement canadien investit de telles sommes, il s’agit d’un investissement de tous, que l’on conduise un véhicule électrique ou non. Comme on subventionne indirectement la construction de ces centrales, mieux vaut en prendre avantage !
Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada
Sources:
https://www.cbc.ca/news/business/volkswagen-battery-plant-analysis-1.6818025
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