Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada
Dernièrement, Suncor Energy (TSX: SU) a été aux prises avec des activistes afin de changer le conseil d’administration et de performer une révision stratégique des plans d’affaires. Cette révision fait suite à une sous-performance comparativement à ses compétiteurs, et ce, malgré une montée des prix à la pompe. Ce groupe d’activiste est d’autant plus difficile à ignorer puisqu’il s’agit du hedge fund très réputé Elliott Investment Management. Leur mission? Débloquer de la valeur pour la compagnie et ses actionnaires.
En avril dernier, le groupe d’activistes Elliott Management débuta à pousser fortement sur Suncor afin de changer la composition de l’administration. Il n’en fallait pas plus afin de faire grimper l’action de 9.50% lors de leur annonce. Alors que la compagnie trainait de la patte derrière ces compétiteurs, ils ont tout de même accueilli les suggestions du groupe.
Il est à noter qu’Elliott Management est un groupe d’activistes très connu des investisseurs, mais également des gestionnaires de grandes compagnies. Le groupe peut employer diverses stratégies d’investissements, comme le font les hedge funds normaux, toutefois, il amène avec lui une touche d’implication beaucoup plus importante que les autres fonds d’investissement typiques. Ce fond activiste s’est bâti une notoriété respectée dans l’art de débloquer de la valeur dans ces géantes compagnies. Qu’il s’agisse d’inaction du management, de coûts au-dessus de la moyenne du secteur ou encore d’une lourdeur administrative, rien ne leur échappe.
Source : TradingView – Performance 1 an, tickers NYSE: SU, VLO, SHEL, BP |
Plusieurs avenues ont été explorées afin de libérer cette valeur aux actionnaires. Ces avenues ont même inclus la vente potentielle de leur réseau de vente au détail, se déroulant notamment sous les bannières Pétro-Canada. Un rapport de Crédit Suisse a même chiffré les retombées de cette vente entre 9.6 et 11.2 milliards de dollars sur une base avant impôts. Cet apport soudain en liquidités aurait donc pu être redonné aux actionnaires en partie, et réinvesti de l’autre afin de générer de meilleurs rendements pour ceux-ci. Même si cette avenue demeura largement spéculative, un acheteur potentiel avait déjà été identifié. Circle K, une filiale du groupe Alimentation Couche-Tard (TSX : ATD), semblait être un acheteur stratégique et logique pour l’achat de ce réseau de distribution.
Une histoire similaire s’est déroulée auprès de Marathon Petroleum (NYSE : MPC), qui a elle-même servi à offrir des rendements plus élevés aux actionnaires. Ironiquement, cette histoire similaire se déroulait sous la pression du même groupe activiste, Elliott Management. Après tout, se concentrer sur ses forces n’aura jamais fait de mal à personne.
Toutefois, le management nie que l’entente tout juste conclue avec les activistes inclut la vente de leur réseau de distribution. Les deux parties ont plutôt opté pour un ajout d’administrateurs au sein de leur conseil. Ian Ashby (un ex-exécutif de BHP Billiton et associé chez Arc Financial Corp), Chris Seasons (ex-président de Devon Canada) ainsi que Jackie Sheppard (ex-vice-présidente exécutive chez Talisman Energy inc.). Elliott Management souhaite avant tout qu’une nouvelle perspective s’installe au sein du CA, et ainsi explorer des pistes de remise sur pieds pour l’entreprise. L’entente actuelle prévoit donc l’ajout de ces 3 administrateurs, et la possibilité d’en élire un 4e si la compagnie ne réussit pas à atteindre certains objectifs de performance d’ici la fin de l’année financière.
Malgré cette nouvelle entente, certains demeurent sceptiques quant à l’efficacité de cette approche, non seulement sur la performance même de l’entreprise, mais également sur les enjeux de sécurités des ouvriers sur les chantiers ainsi que la tendance d’augmenter leur participation dans les sables bitumineux Syncrude. Ryan Bushell, gestionnaire de portefeuille chez Newhaven Asset Management est entre autres de cet avis. Ce remaniement fait suite au départ soudain du président et administrateur, Mark Little, le 8 juillet dernier, après qu’un ouvrier ait perdu la vie sur le chantier au nord de l’Alberta. Il s’agit du 5e accident fatal pour la compagnie depuis 2021. La décision a été prise mutuellement entre le conseil d’administration et M. Little, alors que M. Kris Smith est nommé en tant que président par intérim.
De l’autre côté, un de leurs concurrents directs, Shell (LON :SHEL), fait des annonces bien différentes. La compagnie a annoncé la semaine dernière son intention d’installer 79 nouvelles stations de recharges électriques dans 37 de ses stations-service existantes au Canada. Le portrait actuel du géant pétrolier
n’est cependant pas très reluisant au niveau électrique. Shell Canada ne détient que 25 stations de recharge au pays. Alors que sa compagnie mère, Royal Dutch Shell plc met les bouchées doubles sur son réseau électrique, son désire demeure de devenir zéro-émission d’ici 2050. Un total de 500 stations de recharges est anticipé d’ici 2025 au Canada et d’un million dans son réseau global en 2030.
À titre informatif, il existe approximativement 16 000 ports de chargement, en plus de 6 800 stations différentes. 90% de ces stations se trouvent au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique. Quoique ce progrès soit notable, en 2019, Statistiques Canada reportait un total de 35.74M d’immatriculation de véhicule au pays. Si tous ces véhicules devenaient électriques, beaucoup plus de stations de recharge seront nécessaires afin de supporter notre mode de vie actuel.
Sources :
https://www.cbc.ca/news/canada/calgary/suncor-deal-activist-investor-elliot-1.6523768
https://www.cbc.ca/news/canada/calgary/mark-little-leaves-suncor-1.6515578
https://www.reuters.com/business/elliott-calls-suncor-strategic-review-board-changes-2022-04-28/
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