19 septembre 2024 – Suite à la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed) de réduire son taux directeur de 50 points de base, les marchés ont réagi avec une combinaison d’optimisme prudent et de volatilité. Cette baisse, la première de cette ampleur depuis la pandémie de Covid-19, ouvre un nouveau cycle d’assouplissement monétaire, visant à atténuer les signes d’affaiblissement du marché du travail et à contenir une inflation en baisse.
Pendant ce temps, au Canada, la Banque du Canada est confrontée à une dynamique économique similaire, où l’inflation joue un rôle crucial dans l’élaboration de sa politique monétaire. Le paysage économique canadien, marqué par un ralentissement de la croissance et une inflation qui atteint enfin l’objectif de 2 %, pousse également la Banque du Canada à envisager des réductions de taux.
Ce billet examine les implications de ces décisions monétaires pour les investisseurs et les répercussions sur les marchés financiers des deux côtés de la frontière.
Une réduction attendue pour calmer les craintes économiques
La baisse de 50 points de base du taux directeur par la Fed a fait passer le taux des fonds fédéraux dans une fourchette comprise entre 4,75 % et 5 %, un mouvement jugé nécessaire pour empêcher une dégradation du marché de l’emploi et pour soutenir l’économie face à une inflation qui se rapproche progressivement de l’objectif de 2 %. Cette décision s’inscrit dans une tendance mondiale, plusieurs autres banques centrales, notamment en Angleterre et au Canada, ayant également adopté des politiques similaires pour ajuster leur économie post-pandémie.
Jerome Powell, président de la Fed, a insisté sur le fait que cette réduction était un signe de l’engagement de la banque centrale à stabiliser les prix tout en évitant une hausse douloureuse du chômage. « Notre objectif est de restaurer la stabilité des prix sans provoquer une hausse excessive du chômage », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. Le comité de politique monétaire (FOMC) a également mis en avant la baisse des embauches et la montée modérée du taux de chômage, qui a atteint 4,2 %, des signes que le marché du travail est en perte de vitesse.
Des marchés en réaction
La décision de la Fed a immédiatement eu un effet notable sur Wall Street. Le lendemain de l’annonce, le S&P 500 a atteint un nouveau sommet intraséance, tandis que le Nasdaq a progressé de plus de 2 %, entraîné par les actions technologiques sensibles aux taux d’intérêt. Microsoft, Tesla et Apple ont tous enregistré des gains significatifs, illustrant l’enthousiasme des investisseurs face à un environnement de taux plus bas, favorable aux entreprises dont la croissance dépend des coûts d’emprunt.
Les valeurs des semi-conducteurs ont également bondi, avec Nvidia en hausse de 4,7 % et Advanced Micro Devices (AMD) de 3,5 %. Ces entreprises, qui sont à l’avant-garde des technologies de pointe, bénéficient d’un accès au crédit à moindre coût pour financer leur innovation, un facteur clé de leur succès en bourse. En parallèle, le Russell 2000, un indice qui regroupe les petites capitalisations boursières, a progressé de 1,7 %, renforçant l’idée que les entreprises plus sensibles aux coûts de financement pourraient voir leurs marges de profit s’améliorer grâce à la baisse des taux.
Fonds négocié en bourse du iShares Russell 2000 (NYSE : IWM). Source: https://www.tradingview.com/
Cependant, malgré cet enthousiasme initial, certains experts ont émis des réserves quant à la possibilité d’une série de nouvelles réductions aussi importantes. Tom Porcelli, économiste en chef chez PGIM Fixed Income, a souligné que cette baisse ne marquait pas nécessairement le début d’une longue séquence de coupes agressives. « Ce n’est pas le début d’une série de baisses de 50 points de base. Le marché pensait qu’une nouvelle réduction de cette ampleur serait probable, mais [Powell] a tempéré cette attente », a-t-il déclaré.
Impact sur le marché de l’or
Après la décision de la Réserve fédérale de réduire son taux directeur de 50 points de base, les prix de l’or ont atteint un niveau record avant de connaître un léger recul. Le prix de l’or au comptant a chuté de 0,4 % pour se fixer à 2 560,29 $, après avoir atteint 2 592,39 $ l’once.
Cette hausse initiale des prix de l’or reflète un marché haussier, soutenu par la baisse des taux d’intérêt, qui diminue le coût d’opportunité de détenir de l’or, un actif non rémunérateur. Les analystes estiment que la tendance à la hausse pourrait se poursuivre, bien que la vitesse de ce mouvement dépende des déclarations du président de la Fed, Jerome Powell.
La décision de la Fed d’assouplir sa politique monétaire est attendue pour stimuler l’économie, avec des prévisions de baisses supplémentaires à venir. En conséquence, le dollar a reculé de 0,5 %, rendant l’or moins coûteux pour les investisseurs détenant d’autres devises.
Parallèlement, d’autres métaux précieux, comme l’argent, ont également bénéficié de cette dynamique, avec une hausse de 0,6 % à 30,93 $ l’once. Les investisseurs surveillent de près les commentaires de Powell pour des indications sur l’orientation future de la politique monétaire, qui pourrait continuer à influencer le marché de l’or.
Un avenir incertain pour les taux d’intérêt
Le FOMC a laissé entendre qu’une nouvelle réduction de 50 points de base pourrait intervenir d’ici la fin de l’année, tandis que des projections montrent que les taux pourraient baisser d’un point de pourcentage d’ici 2025. Toutefois, les prévisions des membres du comité divergent quant à l’avenir des taux. Si certaines projections indiquent que les taux pourraient diminuer de deux points de pourcentage à long terme, d’autres membres du comité restent plus prudents face à un éventuel durcissement futur, notamment en cas de reprise de l’inflation.
Malgré la décision de réduire les taux, la Fed a maintenu son programme de « resserrement quantitatif », une stratégie visant à réduire progressivement la taille de son bilan, notamment en laissant expirer des bons du Trésor et des titres adossés à des hypothèques. Cette politique est conçue pour stabiliser l’économie sans injecter de liquidités supplémentaires.
Un impact global
La décision de la Fed a également des répercussions au niveau mondial. Les banques centrales du Royaume-Uni, de la zone euro et du Canada surveillent de près les actions de la Fed, et certaines ont déjà commencé à réduire leurs propres taux pour ajuster leur politique monétaire face à des facteurs économiques similaires. Cette synchronisation des politiques de taux pourrait stabiliser les marchés mondiaux et offrir des opportunités d’investissement intéressantes pour les investisseurs cherchant à profiter d’un environnement de taux bas.
Des perspectives encourageantes pour les investisseurs
Les données historiques montrent que les marchés américains ont tendance à bien réagir aux premiers mouvements de réduction de taux. Selon les données d’Evercore ISI, le S&P 500 a enregistré une moyenne de 14 % de gains dans les six mois qui ont suivi la première baisse d’un cycle de réduction des taux depuis 1970. Ce contexte pourrait offrir une opportunité unique pour les investisseurs, notamment dans les secteurs sensibles aux taux, comme la technologie et l’immobilier, qui bénéficient directement des coûts d’emprunt plus faibles.
Les tendances économiques canadiennes et le rôle de l’inflation dans la politique monétaire
Le paysage économique canadien a aussi été marqué par des fluctuations importantes au cours des derniers mois, et l’inflation reste un facteur clé influençant les décisions des investisseurs et des décideurs politiques. La Banque du Canada, confrontée à une économie en perte de vitesse, a récemment adopté des mesures pour maintenir la stabilité des prix tout en cherchant à stimuler la croissance économique. Cet article explore l’impact des taux d’intérêt, les perspectives d’inflation, et ce que cela signifie pour les marchés financiers.
Retour de l’inflation à 2% : Vers une baisse des taux d’intérêt
En août 2024, l’inflation au Canada a atteint le taux cible de 2%, un seuil que la Banque du Canada cherche à maintenir dans une fourchette de 1% à 3%. Ce retour à un niveau d’inflation modéré a été perçu comme une opportunité par plusieurs analystes pour justifier une baisse des taux d’intérêt.
Des prévisions de coupures de taux importantes ont émergé après que Statistique Canada a révélé que l’indice des prix à la consommation (IPC) avait connu sa plus faible augmentation depuis février 2021. Le consensus des marchés indique qu’une baisse de 50 points de base pourrait être annoncée lors de la prochaine réunion de la Banque du Canada. En effet, des acteurs clés comme Desjardins prévoient une réduction visant à ramener les taux directeurs vers un niveau plus « neutre », compris entre 2,25% et 3,25%, un intervalle où les taux n’exercent ni pression restrictive ni stimulante sur la croissance.
Source: Banque du Canada.
La Banque du Canada face à un ralentissement économique
Cette perspective d’une réduction des taux intervient dans un contexte où l’économie canadienne montre des signes de ralentissement. Le PIB au troisième trimestre est en dessous des prévisions initiales de la Banque du Canada, et les taux de chômage augmentent, atteignant des niveaux préoccupants, excepté les années pandémiques. La combinaison d’une faible croissance et d’un taux de chômage en hausse indique que la politique monétaire restrictive adoptée jusqu’à présent pourrait être en train de freiner l’économie plus que prévue.
Randall Bartlett, directeur senior de l’économie canadienne chez Desjardins, a déclaré que les taux d’intérêt élevés fonctionnent effectivement pour refroidir l’économie, mais peut-être trop efficacement. C’est pourquoi la Banque du Canada pourrait être amenée à ajuster sa politique pour éviter une surcorrection qui pourrait nuire à une reprise économique durable.
Répercussions sur les investisseurs
Pour les investisseurs, l’éventualité d’une baisse des taux d’intérêt pourrait avoir plusieurs conséquences. D’un côté, une baisse des taux favoriserait les entreprises en réduisant leurs coûts d’emprunt, stimulant ainsi les investissements et, potentiellement, la rentabilité. D’un autre côté, les marchés obligataires pourraient réagir différemment, les obligations à long terme devenant potentiellement moins attractives si les taux baissent.
Pour ceux investissant dans l’immobilier, des taux d’intérêt plus bas pourraient raviver l’intérêt des acheteurs, stimulant ainsi le marché du logement, qui a vu une certaine décélération. Toutefois, si les loyers continuent de grimper, les investisseurs dans l’immobilier locatif pourraient également bénéficier d’un revenu accru.
Conclusion
La réduction du taux directeur par la Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada reflètent des réponses pragmatiques aux pressions économiques actuelles. Alors que la Fed cherche à stimuler un marché du travail en ralentissement et à contenir une inflation en baisse, la Banque du Canada pourrait également ajuster sa politique monétaire pour soutenir la croissance économique face à des défis similaires.
Les dates clés à surveiller pour les prochaines annonces de taux directeur sont :
- Pour la Banque du Canada :
- Mercredi 23 octobre
- Mercredi 11 décembre
- Pour la Réserve fédérale :
- 7 novembre
- 18 décembre
Bien que ces décisions aient suscité de l’optimisme sur les marchés, la prudence est de rigueur. Les investisseurs devront suivre attentivement les annonces des banques centrales, tant américaines que canadiennes, afin d’ajuster leurs stratégies en fonction des nouvelles réalités économiques et monétaires. L’évolution des taux d’intérêt et les réactions des marchés détermineront les meilleures opportunités d’investissement dans les mois à venir.
Source :
https://www.cnbc.com/2024/09/18/fed-cuts-rates-september-2024-.html
https://www.federalreserve.gov/monetarypolicy/fomccalendars.htm
https://www.cnbc.com/2024/09/18/gold-flat-as-investors-focus-on-fed.html
https://www.bankofcanada.ca/core-functions/monetary-policy/key-interest-rate
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