La sphère économique du Québec et celui de l’aluminium ont reçu une dose d’adrénaline ce lundi, alors qu’un joueur majeur de l’industrie a affiché son plan aux marchés. Encore une fois, il s’agit d’un partenariat entre nos paliers gouvernementaux et entreprises publiques, pour des investissements majeurs dans la fabrication de produits d’aluminium transformé. Comme le recyclage, l’aluminium « vert » et la réduction des émissions ont tous de la popularité ces jours-ci, ce projet était grandement attendu dans le milieu.
L’investissement de Rio Tinto PLC (NYSE :RIO) annoncé ce lundi dans les installations de Jonquière visait la construction de 96 cuves AP60. Ces cuves sont notamment utilisées pour la fonte d’aluminium et seront ajoutées à la flotte de quelque 38 cuves qui avaient déjà été construites en 2013. Les cuves sont notamment appréciées dans la confection de l’alliage qui permet de réduire les émissions néfastes de près de moitié comparativement aux anciennes cuves, encore couramment utilisées chez les compétiteurs.
Il s’agit donc de 1,4 milliard de dollars canadiens qui seront investis dans l’usine locale afin de faire naître cette nouvelle flotte. Plusieurs ont été rapides à noter qu’il s’agissait du premier investissement d’envergure en plus de 10 ans de la grande minière non seulement au Québec, mais également dans l’Est du continent. Ce projet permettra d’ajouter 100 emplois permanents au site de Jonquière. Ce dernier point est d’ailleurs un enjeu d’importance pour le milieu puisqu’une autre centrale située à Arvida au Saguenay, verra ses portes fermées en 2025, emportant avec sa fermeture entre 300 et 350 emplois.
Source : LesAffaires – Cuves AP60
Le Gouvernement du Québec a également fait savoir son appui face à ce projet en injectant 150 millions de dollars sous forme de prêt non remboursable, sous condition de maintien des emplois locaux. Le nouvel apport de ces cuves permettra à Rio Tinto de demeurer un joueur international dans l’aluminium, en plus de voir sa capacité augmentée de 160 000 tonnes métriques par année, soit l’équivalent nécessaire afin de fabriquer l’équivalent de 400 000 véhicules électriques.
L’annonce a reçu un accueil mitigé auprès du marché. Le titre local sur le NYSE, a reculé de 1.3% en fin de journée ce lundi pour atteindre 63.74$ américain. Son homologue et titre principal, inscrit sur l’Australian Stock Exchange, ticker RIO, a quant à lui progressé de 0.50% afin d’atteindre 114.58$ australien. Rio Tinto est l’un des titres hautement regardés parmi les alumineries grâce à sa position prééminente sur le marché mondial en plus de son dividende semi-annuel plutôt généreux. Le titre offre présentement un rendement de dividendes annualisé de 7% selon le dernier versement de 2.25$ américain sur son prix de clôture de lundi. Cet indicateur est plus élevé que bon nombre de leurs compétiteurs, notamment Anglo American (LON :AAL) à 6.75% et CRH (LON :CRH) à 2.64% tout en se rapprochant de son rival Glencore (LON :GLEN), se situant quant à lui à 8.1%.
Il est toutefois à noter que ce rendement n’est pas garanti. La volatilité des derniers résultats trimestriels et annuels rend la pérennité du versement de dividende questionnable sur le long terme et encore plus avec l’annonce de cette semaine. L’année financière de 2022 a inscrit un bénéfice par action de 7.62$ américain sur une base diluée. En conservant la même proportion, les dividendes annuels représenteraient donc près de 60% de ces bénéfices. Quoique de nombreux investisseurs seraient heureux de ce scénario, d’autres questionneraient plutôt les projets futurs de l’entreprise. Notamment, à savoir pourquoi l’entreprise décide de redonner deux tiers de leurs bénéfices aux actionnaires plutôt que de réinvestir dans leurs opérations. Y aurait-il un manque de projets rentables ?
Néanmoins, les producteurs d’aluminium sont de plus en plus sollicités par les divers manufacturiers, notamment au niveau de la fabrication de véhicules électriques. Ce métal résistant à la rouille et plus léger que le fer traditionnel devient rapidement un atout pour les véhicules afin de réduire le poids de ceux-ci. Le faible prix de l’aluminium ces dernières années a poussé les directions d’aluminerie à retarder divers projets d’infrastructure. Toutefois la demande grimpante de par les manufacturiers automobiles fait aujourd’hui pencher la balance.
L’un des bémols de la recherche de projets plus rentables que de redistribuer les bénéfices aux actionnaires, est leur empreinte et image ESG. Comme noté plus haut, ainsi que dans le billet de la semaine dernière, l’investissement de 1,4 milliard de dollars s’inscrit partiellement dans cette catégorie en plus de voir leur capacité de production bonifiée dans le processus. C’est d’ailleurs l’un des fils conducteurs dans l’approche de Rio dans leur annonce.
Les dirigeants ont profité de la tribune afin de mettre de l’avant leur intention d’implanter la technologie ELYSIS zéro carbone dans leurs installations de Saguenay. Le processus ELYSIS permet notamment d’émettre de l’oxygène pur comme sous-produit de la fusion de l’aluminium. L’implantation d’une telle technologie sera dépendante d’une autre entente entre le Gouvernement et Rio Tinto. Comme ELYSIS était dans les cartes dès le premier jour, les négociations devraient se dérouler rondement lors du temps venu.
D’ailleurs, ELYSIS est né d’un partenariat entre Rio Tinto et Alcoa Corp (NYSE :AA), qui visait spécifiquement les émissions néfastes de la fusion de l’aluminium. Ce procédé a pour objectif de se commercialiser en 2024, suivant les quelques centaines de millions de dollars en investissement de R&D. Comme quoi, les partenariats, même entre compétiteurs, peuvent parfois donner des résultats incroyables lorsque les intérêts sont alignés.
Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada
Sources:
https://www.marketbeat.com/originals/a-7-yield-and-50-upside-wall-street-digs-rio-tinto/
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