Le mercredi 5 juin, la Banque du Canada a pris une décision historique en réduisant son taux directeur de 25 points de base, le faisant passer de 5% à 4,75%. Cette décision fait du Canada le premier pays du G7 à baisser ses taux d’intérêt, marquant un tournant significatif dans sa politique monétaire. Cette réduction vise à alléger la pression sur les consommateurs fortement endettés et à stimuler une économie qui a montré des signes de ralentissement. Quels sont les impacts immédiats et futurs de cette décision, et que peut-on attendre pour l’économie canadienne dans les mois à venir ?
Source: Banque du Canada
Répercussions immédiates sur les marchés financiers
Suite à l’annonce de la Banque du Canada, les marchés financiers ont réagi positivement. L’indice composite S&P/TSX de la Bourse de Toronto a grimpé de 0,8%, atteignant 22 145,02 points, récupérant ainsi une grande partie des pertes enregistrées au début de la semaine. La réduction du taux directeur a également entraîné une baisse du rendement des obligations à deux ans, qui est tombé à son plus bas niveau en quatre mois, soit 3,929%. Cela reflète l’anticipation des investisseurs d’une nouvelle détente des taux dans les mois à venir.
La réaction du marché des devises a été différente. Le dollar canadien, le ‘loonie’, a touché un creux de près de deux semaines par rapport au dollar américain, s’échangeant à 1,3690 USD, soit 73,05 cents US. Cette faiblesse du dollar canadien peut s’expliquer par l’écart croissant entre les politiques monétaires du Canada et des États-Unis, où la Réserve fédérale n’a pas encore indiqué une intention de réduire ses taux dans l’immédiat.
Une décision motivée par l’inflation et la croissance économique
Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a souligné que cette réduction du taux directeur était justifiée par les signes encourageants de ralentissement de l’inflation. En avril, l’inflation annuelle au Canada est tombée à 2,7%, son plus bas niveau en trois ans, après avoir été en dessous de 3% pendant quatre mois consécutifs. La Banque du Canada reste toutefois prudente et envisage de nouvelles réductions de taux de manière progressive et dépendante des données économiques futures.
“Si l’inflation continue de baisser et que notre confiance dans la trajectoire vers notre cible de 2% augmente, il est raisonnable de s’attendre à d’autres réductions de notre taux d’intérêt directeur”, a déclaré Macklem. Cependant, il a ajouté que chaque décision serait prise réunion par réunion, soulignant l’incertitude persistante entourant l’économie mondiale.
Perspectives économiques : vers une détente progressive
Les économistes sont partagés quant à l’ampleur et au rythme des futures réductions de taux. Certains prévoient une nouvelle réduction dès le mois de juillet, tandis que d’autres estiment que la Banque du Canada prendra plus de temps pour évaluer l’impact des mesures déjà prises. L’objectif de la Banque est de maintenir un équilibre délicat entre soutenir la croissance économique et éviter une résurgence de l’inflation.
La situation économique globale du Canada reste fragile. La croissance économique au premier trimestre a été plus faible que prévu, avec un taux annualisé de 1,7%. Les perspectives à court terme restent incertaines, bien que la Banque du Canada ait indiqué qu’elle voyait des signes positifs d’un atterrissage en douceur de l’économie, sans récession majeure en vue.
Comparaison avec les politiques monétaires mondiales
La décision de la Banque du Canada intervient dans un contexte où d’autres grandes banques centrales, comme la Banque centrale européenne et la Réserve fédérale américaine, adoptent des approches différentes. Alors que la Banque centrale européenne pourrait suivre le Canada dans la réduction de ses taux, la Réserve fédérale est attendue de maintenir ses taux inchangés lors de sa prochaine réunion en juin.
Cette divergence dans les politiques monétaires pourrait avoir des implications importantes pour les marchés des changes et l’économie mondiale. Un écart trop important entre les taux d’intérêt canadiens et américains pourrait exercer une pression supplémentaire sur le dollar canadien, rendant les importations plus coûteuses et influençant les décisions d’investissement.
Chiffres de l’emploi aux États-Unis : Un indicateur clé
En parallèle, les chiffres des emplois non agricoles aux États-Unis pour le mois de mai, annoncés ce matin même vendredi 7 juin, ont montré une augmentation de 272 000 emplois, dépassant les attentes de 182 000. Cependant, le taux de chômage a légèrement augmenté, passant à 4,0% contre 3,9% prévu. Cette croissance de l’emploi, bien que positive, a été tempérée par des révisions à la baisse des chiffres des mois précédents.
Les gains les plus significatifs ont été enregistrés dans les secteurs de la santé, du gouvernement, des loisirs et de l’hospitalité, ainsi que des services professionnels, scientifiques et techniques. Ces données renforcent l’idée que l’économie américaine reste résiliente, mais elles pourraient également influencer la politique monétaire de la Réserve fédérale, retardant ainsi toute réduction de taux.
Conclusion
La réduction du taux directeur par la Banque du Canada marque un tournant important pour l’économie canadienne. Cette décision, bien accueillie par les marchés financiers, vise à soutenir une économie encore fragile tout en surveillant de près l’évolution de l’inflation. Les perspectives économiques à court terme restent incertaines, et la Banque du Canada devra naviguer prudemment entre la stimulation de la croissance et le maintien de la stabilité des prix.
L’annonce des chiffres de l’emploi aux États-Unis ajoute une dimension supplémentaire à l’analyse, montrant une économie robuste mais toujours confrontée à des défis. Alors que le Canada ouvre la voie avec une politique monétaire plus accommodante, les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si cette approche portera ses fruits et comment elle s’intégrera dans le paysage économique mondial.
Source :
https://www.reuters.com/markets/rates-bonds/bank-canada-cuts-rates-first-time-four-years-2024-06-05
https://www.theglobeandmail.com/business/article-bank-of-canada-interest-rate-announcement-june
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