Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada
De nouveaux développements se sont formés dans la sphère digitale cette semaine. Un partenariat d’envergure s’ajoute à ceux déjà présents sur le marché, de quoi raviver la flamme de l’adoption institutionnelle. Toutefois, l’adoption globale des actifs digitaux nécessitera plus de rigidité avant de faire le grand saut sur nos systèmes gouvernementaux.
Plus tôt cette semaine, et près d’un mois suivant la fameuse transition de l’Ethereum ($ETH) vers le Proof of Stake de son prédécesseur énergivore, le Proof of Work, MasterCard (NYSE :MA) a pavé la voie afin de faciliter l’accès au commun du mortel à l’univers des cryptomonnaies. L’accessibilité a rapidement été identifiée comme étant une barrière pour les plus petits joueurs des économies globales et le géant du paiement par cartes a décidé de tirer son épingle du jeu.
MasterCard débutera le déploiement d’un nouveau produit en phase test, appelé Crypto Source, dès l’année prochaine, auprès de plusieurs banques d’envergures. Selon le président des solutions cyber et intelligence chez MasterCard, la nouveauté devrait se tester aux États-Unis, en Israël et au Brasil dès l’an prochain. Crypto Source ferait en réalité, le pont entre le consommateur régulier et les banques, à l’aide de la firme digitale Paxos Trust Co. et facilitera l’accès aux actifs digitaux.
Ces actifs ne seraient donc pas détenus à même le compte bancaire institutionnel d’un individu, mais bien en caution sur Paxos, qui s’occupe en retour du service d’échange et de détention, mais également de l’aspect litigieux de conformité et règlementation. MasterCard défend ce nouveau produit par la demande et l’intérêt grandissant sur les cryptomonnaies, sans non plus écarter la tendance plutôt négative observée ces derniers temps dans les prix des actifs digitaux. Il s’agit néanmoins d’un énorme pas pour MasterCard vers l’univers des actifs digitaux afin de mieux se positionner pour la demande du futur. Le partenariat s’inscrit aux premières lancées de 2021, alors que la société s’associait avec Wirex et BitPay afin de créer des cartes de paiements.
Cette annonce est dévoilée près d’une semaine suivant celle de leur compétiteur direct, Visa (NYSE :V) qui elle, s’associe avec la plateforme FTX afin d’offrir des cartes de débit en cryptomonnaie dans plus de 40 pays. Contrairement à MasterCard qui semble se diriger vers un développement d’importance sur les actifs digitaux, Visa mitige quelque peu ses propos. Elle souhaite faciliter l’accès aux biens de leur clientèle, que ceux-ci soient payés par la monnaie traditionnelle, ou digitale. Cette initiative a su faire progresser le titre de MasterCard de 2.20% ce lundi et de 2.71% pour Visa. Deux excellentes nouvelles si vous êtes pro cryptomonnaies.
Source: Tradingview – 1 year stock price, NYSE:MA, NYSE: V (2022-10-17) |
MasterCard a su rapidement identifier le potentiel du marché des actifs digitaux, et voit également un énorme potentiel de l’analyse des données sur la blockchain. Comme les derniers résultats le démontrent, près de 35% des revenus de MasterCard sont générés par le créneau « Services », qui incluent les services de données, de recherche, de consultation, de loyauté et de capacités au niveau des fraudes. Avant de développer des solutions tangibles aux couleurs du géant rouge et jaune, davantage de clarification au niveau légal sera de mises.
De l’autre côté de la médaille, les gouvernements sont toujours aussi réticents face aux actifs digitaux, et ce, pour de bonnes raisons. De nombreuses plateformes financières centralisées, qualifiées de CeFi dans le jargon, ont obtenu un intérêt particulier avec les petits investisseurs. Cet intérêt? La facilité d’utilisation de ces plateformes et ces interfaces d’utilisateurs plaisants à l’œil. Toutefois, un des buts initiaux des cryptomonnaies, était d’interagir sous le couvert de l’anonymat, avec sécurité et ce, à moindre coût.
Malheureusement pour des milliers d’utilisateurs et investisseurs, 2022 s’est avérée être une année charnière quant aux risques systémiques, fragilité d’infrastructures informatique et plus récemment, aux vulnérabilités découlant des zones grises de la législation sur ces actifs. Ces vulnérabilités ont fait perdre des milliers de dollars à bons nombres d’investisseurs, pertes qui ne sont pas sous protection d’assurances ni de sauvetage du gouvernement.
Dans cette liste non exhaustive d’évènements, nous y retrouvons :
- La dégringolade de Terraform Labs et la recherche de l’Interpol du fondateur, Do Kwon et le plongeon de 60 milliards de dollars de la monnaie Luna ($LUNA, rebaptisé $LUNC);
- Voyager Digital LLC (Nasdaq :VYGVQ) se met sous la protection du Chapitre 11 de la faillite;
- Le hedge fund Three Arrows Capital, spécialisé en cryptomonnaies, fait faillite et est sous investigation de la CFTC et la SEC;
- Celsius Network LLC se met également sous la protection du Chapitre 11 de la faillite, la haute direction étant convoqué à comparaître devant le CFTC, la SEC et la FTC aux États-Unis;
- Sam Bankman-Fried, fondateur de la plateforme populaire FTX, sous investigation de la Texas Securities pour l’offre de monnaies non enregistrées
Source: Tradingview – YTD performance, Celsius token ($CEL), Voyager Digital ($VGX) et Luna Terra ($LUNC) |
Le récent partenariat de MasterCard avec Paxos afin de rendre accessible aux banques la négociation de cryptomonnaies donne une image beaucoup plus solide et de confiance aux nouveaux investisseurs, ou à ceux ayant enregistrés de lourdes pertes, et ce, simplement parce qu’un nom connu de tous s’y associe. Les gouvernements devraient donc y voir une opportunité intéressante d’observer les réponses du grand public, lorsque ces nouveaux actifs seront aux côtés des FNB, actions et autres véhicules d’investissement traditionnel.
Il demeurera captivant de suivre les développements en ce sens. Comme plusieurs analystes le mentionnent, les gouvernements ont tout à gagner que de suivre les péripéties des différentes plateformes et projets cryptographiques. Des instances telles la CBDC, ou Central Bank Digital Currency, étudient les possibilités d’une offre monétaire strictement digitale, où la masse souhaite un système rapide, efficace, sécure et fiable. Système où les paliers gouvernementaux pourraient observer les flux de leurs monnaies, contrôler l’offre et la demande et, si le besoin s’en fait sentir, de bloquer certaines adresses cryptographiques jugées frauduleuses ou suspectes. Bien des étapes devront cependant être franchies avant d’en arriver à cette nouvelle norme digitale, conserver vos billets physiques! Au cas où!
Sources:
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