Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada
Malheureusement, cette semaine ne sera pas consacrée à la montée fulgurante de 113% en 5 jours de Bed Bath & Beyond (BBBY :Nasdaq), mais bien de la tendance des grandes compagnies de technologies d’être si rapide sur la gâchette lorsqu’on parle de mises à pied. Alors que l’opinion générale de la récession triomphe parmi les économistes, personne ne peut blâmer ces géants de planifier pour le pire scénario. Ces vagues massives de renvois laissent place à un sentiment plutôt amer sur l’avenir de l’économie nord-américaine, toutefois un retour à la réalité est nécessaire pour travailleurs et investisseurs.
Cette semaine, l’annonce de de la maison mère de Google, Alphabet (GOOGL :Nasdaq) en sol canadien a poussé bien des soupirs. Certains développeurs se sont connectés ce lundi pour ne voir qu’un courriel leur annonçant leur renvoi. Il est à se rappeler que Google avait annoncé vers la fin janvier des suppressions de postes à hauteur de 12 000 têtes, justifié par un contexte économique bien différent que lors de leur embauche.
Les coupures ont même affecté certains bureaux en entier. Suite aux révisions de postes et de stratégie, le bureau d’Edmonton sera complètement fermé. À titre informatif, les graphiques ci-dessous, fournis par la compagnie de tech en démarrage Layoffs.fyi, aussi anodine soit-elle, présentent le nombre de mise à pied ces dernières années.
Puisqu’il s’agit uniquement des renvois reliés aux compagnies de technologies, il est intéressant de voir que la majorité de ces renvois tombent dans les catégories, « autres », mais également celles de la vente au détail, du transport et de la santé. Google, Meta (Meta :Nasdaq), Microsoft (MSFT :Nasdaq) et Amazon (AMZN:Nasdaq) regroupent 43 000 renvois à elles quatre, toutefois le compte total est plus de 351 000.
Les compagnies de technologies sont, de par leur nature, des compagnies vouées à être des titres de croissance. La dernière poussée de croissance notable a été vécue avec la pandémie. Cette vague de nécessité informatique a mis le vent dans les voiles de nombreuses compagnies. Maintenant que ce vent s’est estompé, et même pivoté contre eux, il devient difficile de justifier la grande quantité de matelots à bord.
Avec ces annonces, il serait normal de croire que le taux de chômage, notamment américain, devrait augmenter. Si nous ajustions afin d’aplanir la vague découlant de la pandémie, ce taux se trouverait étrangement en ligne avec la tendance prépandémique. Ce taux, à 3.4% pour janvier 2023, pourrait bien augmenter si les autres secteurs emboitaient le pas. Toutefois, le secteur des technologies ne représente que 2% du marché de l’emploi. En guise de comparaison, le secteur manufacturier compte 8%, la vente au détail 10% et le réseau de la santé 11%.
Alors qu’il s’agit de nouvelles plutôt moroses pour bien des travailleurs, les investisseurs et analystes accueillent ces vagues de renvois comme un cadeau. Le cours des titres des compagnies ayant annoncé des mises à pied ont plutôt vu leur titre bondir en bourse. Le raisonnement derrière est qu’il s’agit de coupures qui auront des effets notables directement sur les marges de profit des techs. Si ces compagnies sont en mesure de performer et surtout, livrer, les projets sur leurs planches à dessin, il en va également d’une prise de conscience que la pandémie aura amené beaucoup de gras au tour de l’os, et qu’il était temps de se mettre au régime. Ces coupures se font notamment au détriment de milliers de travailleurs, qui devront se trouver un emploi dans un secteur qui est en pleine refonte, et dans une économie qui ne cesse de presser contre le portefeuille des ménages.
Comme Mark Zuckerberg l’a mentionné la semaine dernière, cette tendance ne fait que commencer. Le CEO de Meta, anciennement Facebook, a même été plus loin en ciblant des types de postes qui sont voués à être éliminés, soit les cadres intermédiaires. L’année 2023, caractérisée d’« année de l’efficience » par M. Zuckerberg, devrait continuer sur sa lancée plutôt sanglante sur l’emploi. Ces cadres, étant coincés entre l’arbre et l’écorce, n’arrivent pas à faire valoir leur pesant d’or et voient leurs postes coupés. Le succès rapide et sans relâche des 2 dernières années fait maintenant savoir leur coût réel.
Il est encore plus intéressant qu’en contrepartie, ces mêmes compagnies investissent de plus en plus dans l’intelligence artificielle et autre outil d’automatisation. Le dernier exemple flagrant découle de la flambée de ChatGPT, un outil d’AI puisant son intelligence à même une base de données élargie se basant sur les dernières années de l’internet. Il s’agit donc d’un assistant virtuel qui connaît hypothétiquement tout, sait vous le communiquer, l’écrire, l’analyser et même le coder si vous lui demandiez. Microsoft a déjà annoncé il y a quelques semaines son investissement de 10 milliards de dollars dans l’outil fabriqué par OpenAI.
Google, quant à lui, a décidé d’aller de l’avant avec sa propre version de robot conversationnel. Surnommé « Bard », cet assistant puise directement son information sur internet. Google, ayant plus d’un tour dans son sac, travaillait déjà étroitement avec ses équipes d’intelligence artificielle et des programmes qu’ils ont conçus afin de développer une réplique de ChatGPT. Encore en phase de test, Bard pourrait rejoindre le grand public plus tôt qu’on le pense. Les tests à réaliser se veulent avant tout comme test de qualité, sécurité et de cohérence de l’information. Microsoft a mis de l’avant ChatGPT et aurait l’intention d’intégrer ce robot sur Microsoft Teams. Il ne serait donc pas surprenant de voir ce genre d’assistant atterrir aux côtés de la barre de recherche Google.
Après tout, nous effectuions déjà des recherches dans son propre cerveau… la différence c’est qu’il pourra nous dire lui-même ce qui s’y trouve dorénavant.
Sources:
https://www.bnnbloomberg.ca/a-clear-target-emerges-in-tech-layoffs-middle-managers-1.1880166
https://www.washingtonpost.com/opinions/2023/01/27/tech-layoffs-google-amazon-economy/
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