Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada
Avec le dévoilement des résultats financiers de mi-année, l’une des industries qui était autrefois fleurissante, devient aujourd’hui un terrain glissant. Les différentes compagnies aériennes peinent à récupérer des impacts de la pandémie et les investisseurs sont aux premiers rangs pour en être témoin.
La semaine dernière, la nouvelle est tombée sur l’aide gouvernementale reçue par Transat AT inc (TSX :TRZ). Il s’agit en réalité d’un emprunt de 100 millions de dollars, octroyé par le programme d’aide de Corporation de financement d’urgence d’entreprise du Canada, ou CFUEC pour faire court. Cet emprunt fait suite aux résultats du deuxième trimestre de la compagnie, ou un manque apparent de liquidités a pu être noté. Les revenus enregistrés ce trimestre ont été de l’ordre de 358 millions, certes, une progression fulgurante par rapport au 7.6M de l’an dernier à pareille période. Toutefois les opérations se sont soldées en une perte de 98.3M, soit un manque encore plus grand que la perte de 70M de l’an dernier.
En scrutant les états financiers de Transat, la perte découle directement, sans surprise, des charges d’exploitation plus élevées, 374% plus élevé que le 2e trimestre de l’an dernier pour être exact. Parmi les coupables, les coûts et charges de la prestation des services, les salaires et avantages, le coût du carburant, les entretiens et frais de ventes. Quelques items plutôt familiers pour la plupart des ménages, non? Les flux de trésorerie entrant qui découlent des opérations, soit les flux monétaires réels, après les ajustements comptables, n’étaient que de 24 millions de dollars. A cela, des investissements de près de 11M y sont retirés, servant notamment à l’acquisition d’immobilisations et de nouveaux financements s’y rajoutant, à hauteur de 156M.
A quoi servira le nouveau prêt de 100 millions alors ? Ce prêt sert principalement de coussin. Un coussin de liquidités donnant un peu plus de marge de manœuvre aux dirigeants afin de continuer les opérations, le temps que l’industrie du transport aérien reprenne du galon. Il s’agissait donc de fortifier les coffres de l’entreprise pour d’éventuels chocs, ou d’autres trimestre à pertes sévères. Transat est la seule compagnie aérienne à avoir eu recourt à un deuxième prêt d’urgence, à peine 15 mois suivant les 700 millions octroyés en début de pandémie, par le Gouvernement. A noter que plus de la moitié de ce 700 million allait directement aux remboursements des passagers n’ayant pu prendre leurs vols en raison de la pandémie.
Cette semaine, Air Canada (TSX : AC) a dévoilé ses propres résultats financiers du premier semestre de 2022. Quelques bonnes nouvelles au programme. Les revenus ont bondi à 3.98 milliards ce trimestre, laissant loin derrière le 837M enregistré l’an dernier. La capacité opérationnelle de la compagnie, mesurée par le nombre de sièges par milles (ou ASM en anglais), a quintuplée depuis l’an dernier. Ce ratio mesure notamment la capacité d’un avion à générer des revenus. Toutefois, les bonnes nouvelles s’arrêtent là. Les charges d’exploitation ont été de 4.23 milliards, effaçant tout progrès au niveau des revenus. Dans le cas d’Air Canada, les coûts de carburant ont été dévastateur; 1.45 milliards. A titre indicatif, le poste de carburant comptait pour 3.86 milliards pour l’année 2019 en entier et les revenus s’y rattachant étaient de 19.13 milliards.
Le constat est le même chez Air Canada, il s’agit d’un autre trimestre à pertes, à hauteur de 386 millions. Les actionnaires encaissent une perte de 1.60$ par action sur une base diluée. Les lignes aériennes peinent à reprendre le dessus suite à la pandémie. La situation est telle que de nombreuses compagnies aériennes annulent tout simplement des vols ou tracés aériens. Air Canada a d’ailleurs annoncé il y a quelques semaines l’annulation de 9 500 vols cet été. Les différents transporteurs aériens à travers le globe sont aux prises avec un manque de personnel criant suite au licenciement et exode de masse des employés avec la première vague de coronavirus. Une grande portion ne sont jamais retourné dans l’industrie voyant l’instabilité et l’incertitude de leur poste.
D’ailleurs, une étude récente réalisée par Research and Markets, estime que l’industrie global de l’aviation devrait atteindre 744 milliards américains d’ici 2026, affichant une croissance annuelle de 12.7%. Le marché était estimé tout juste sous la barre des 333 milliards de dollars en 2020. Cette estimation prend notamment compte du volume de passagers qui sera vraisemblablement plus faibles qu’auparavant et aura un impact direct sur les revenus des compagnies. L’étude note également la difficulté particulière des compagnies aériennes de maintenir la cadence au niveau de l’entretien de leurs appareils considérant les baisses drastiques de liquidités et d’un regard constant sur leurs empreintes environnementales.
Du côté sud de la frontière, le transporteur JetBlue (Nasdaq : JBLU) a également manqué les pronostics des analystes. Une perte de 188 millions de dollars a été mise aux livres pour Q2 et ce, malgré des revenus records de 2.45 milliards. Le coût d’un siège par mille (une variation de l’ASM discuté plus tôt) aurait augmenté de 35%. JetBlue ne fait donc pas exception à la règle, mais est cependant sous une pression additionnelle considérant leur acquisition de Spirit Airlines (NYSE :SAVE). Une entente de 3.80 milliards, en argent, a été conclus. Les lignes aériennes pour petits budgets auront sans doute la cote auprès des voyageurs dans un futur proche. Les grands joueurs demeurent toutefois prudents dans leurs approches et redoutent toujours les périodes hivernales.
Sources :
https://www.transat.com/fr-CA/corporatif/medias/communiques-de-presse/124496
https://www.theglobeandmail.com/canada/article-air-canada-summer-flight-cancellations/ https://montreal.ctvnews.ca/transat-gets-100m-bailout-as-debt-load-mounts-despite-travel-rebound-1.6007830
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