Par Olivier Gélinas, B.A.A., M.Sc., Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada
Si vous tentez de profiter des belles températures d’automne, que ce soit pour une randonnée en montagne ou une balade en voiture dans les paysages colorés, ces déplacements en voiture vous coûteront probablement plus cher cette année. La pandémie a amené des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement dans plusieurs segments de l’industrie, et le secteur de l’énergie n’a pas été épargné. Alors que la quasi-totalité de la planète tente tant bien que mal de sortir de chez soi après plus d’un an de confinement, l’offre n’a pas su répondre à la demande résultant en un impact marqué sur les prix à la pompe.
Le phénomène que l’on voit sur le marché de l’énergie présentement reflète plusieurs impacts découlant d’un arrêt de notre économie l’an dernier. Alors que les familles et travailleurs étaient invités à rester à la maison, la voiture restait garée, inutilisée et sans aucun besoin pressant de remplir le réservoir. Le résultat immédiat a été de voir une offre bien au-delà de la demande, faisant chuter les prix sous la barre du 1$ un peu partout au Canada. L’industrie pétrolière s’est ajustée à cette ‘’nouvelle demande’’ et a réduit sa production afin de conserver un prix de vente dit soutenable pour les producteurs. Cette situation est donc devenue le nouveau point d’équilibre en 2020 et personne (ou presque) ne s’en plaignait.
Entrons maintenant en 2021. Les déconfinements graduels, la vaccination de masse, une meilleure compréhension du virus et un désir incroyable de rattraper le temps perdu, autant au niveau du particulier que du manufacturier. La demande en énergie connaît une croissance rapide et soudaine, un choc auquel les producteurs de pétrole ne s’attendaient pas de voir aussi rapidement. L’impact de ce décalage entre l’offre et la demande s’est traduit en une augmentation des prix sur l’énergie. Un exemple des plus évident se trouve en Europe, où les consommateurs subissent une augmentation des prix sur le gaz naturel, le pétrole et autre. Alors que le prix d’un équivalent de mégawattheure se tenait à environ 19 euros en début 2021, il se retrouve à près de 127 euros en début octobre. Cette augmentation de 568% est loin de passer inaperçue.
Il est à noter ici que cette crise en Europe a été exacerbée par des retraits hâtifs de certains mines de charbon et centrales de gaz naturel afin de se concentrer sur les sources renouvelables d’énergie comme le solaire et l’éolien. Malheureusement, les vents n’étaient pas au rendez-vous cet été, rendant ces champs d’éoliennes plus ou moins utiles face à un besoin grandissant. Se ruant aux pompes, les Européens, et surtout au Royaume-Uni, ont vu des prix exorbitants ou encore des fermetures de points de vente faute d’avoir de l’essence dans leurs réservoirs. Cette semaine, le producteur russe d’importance, Gazprom (MCX:GAZP), réitérait son but primaire de renflouer l’inventaire de ses partenaires européens et chinois.
La situation au Canada n’est pas encore aussi dramatique que nos voisins de l’est. Toutefois, une croissance des prix à la pompe a été notée dernièrement, ce qui pourrait bien être le début de notre histoire de ce côté-ci du globe. Le prix moyen d’un litre d’essence vendredi dernier (le 8 octobre) avoisinait le 1.50$ à Montréal, une augmentation de près de 40 cents sur les prix de l’an dernier à pareille date. Un prix moyen de 1.70$ était noté au Labrador, des niveaux jamais vus depuis 2012. Les experts s’entendent cependant pour dire que le problème réel ne se situe pas de notre côté, mais bien de l’autre côté de l’Atlantique. Les éléments clés étant la croissance de la demande post-confinement, l’effet néfaste de la crise énergétique en Europe ainsi qu’un décalage évolutif entre l’offre et la demande au niveau global.
Il est facile de se concentrer uniquement sur son portefeuille lorsque nous remplissons le réservoir de notre véhicule, toutefois les entreprises canadiennes se mordent les doigts présentement à voir les coûts d’expédition de leurs produits grimper en flèche. Difficile de se relever d’une pandémie lorsque nos profits fondent à vue d’œil par ces coûts additionnels. Les entreprises savent éperdument que les consommateurs peuvent absorber jusqu’à un certain point une augmentation de prix des biens et services. Toutefois, naviguer ces eaux troubles devra être de courte durée, surtout avec les pressions inflationnistes dont ils font face de part et d’autre.
Du côté de l’OPEP (l’Organisation des pays producteurs de pétrole), il est évident que certains en profitent pour enregistrer des profits bien juteux. Il est vrai que l’offre ne peut être augmentée du jour au lendemain afin de répondre à cette demande. Par contre, conserver un niveau de production artificiellement bas et augmenter les prix pour tous aux alentours ne sera que néfaste pour l’économie mondiale. Cette dépendance aux énergies non renouvelables profite naturellement aux pays du Moyen-Orient, et ce, jusqu’à ce que nos plans environnementaux entrent en vigueur. Plus tôt cette semaine, il a été réitéré que la croissance graduelle de l’offre sera conservée, malgré les situations critiques dans certains coins du monde. Le baril de pétrole Brent aura débuté 2021 à environ 54.40$ américains, alors qu’il se situait vendredi dernier à près de 83$. Ces prix se situent toujours sous les records 2011, toutefois la vitesse à laquelle ces prix ont été atteints l’est. Un baril qui était à 25$ en avril 2020 a donc connu une progression de 230% sur 18 mois, une situation préoccupante pour bien des parties.
Alors que les pays autour du globe s’entendent pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, mettant de l’avant divers plans afin de faire changer le vent de direction, il est difficile de nier les besoins fondamentaux de notre économie. En attendant que l’on puisse tous rouler en véhicule à 0 émission, il faudra forcément s’attendre à ce que l’on vienne piger davantage dans nos poches.
Sources :
https://www.cbc.ca/news/business/gasoline-energy-prices-1.6202977
https://oilprice.com/Energy/Natural-Gas/Is-America-Doomed-To-Replicate-Europes-Energy-Crisis.html
https://www.reuters.com/business/energy/china-digs-coal-oil-gains-energy-crisis-deepens-2021-10-08/
L’auteur de ce billet déclare ne détenir aucune position dans les titres mentionnés ni avoir l’intention d’initier de positions dans les 72 prochaines heures. Cet article est une opinion et ne doit en aucun temps être considéré comme un conseil en investissement.
Le contenu de ce billet, les données financières et économiques incluant les cotes boursières ainsi que toutes analyses et interprétations de celles-ci sont fournies à titre d’information seulement et en aucun cas ne doivent être considérées comme étant une recommandation ou un conseil d’acheter, de vendre, de vendre à découvert ou poser tout autre acte envers toute valeur mobilière, tout instrument dérivé ou tout actif ou classe d’actif quelconque.
L’investissement autonome actif devrait être considéré comme une activité de nature spéculative qui peut comporter des risques importants pouvant entraîner des pertes significatives en capital. Un investisseur autonome actif se doit d’avoir une compréhension de sa tolérance au risque et de ses objectifs d’investissement avant de considérer l’investissement autonome actif comme activité.
DayTrader Canada et les membres de son équipe ainsi que les collaborateurs externes ne peuvent donner aucune garantie ni assurance que les transactions boursières effectuées par ses lecteurs ou clients seront profitables. De plus, les membres de l’équipe de DayTrader Canada, ses formateurs et les collaborateurs externes, ne donneront, en aucun cas durant des formations ou toutes autres activités, des recommandations d’achat ou de vente sur des instruments financiers en particulier.
DayTrader Canada, ses administrateurs, dirigeants, employés et mandataires ne seront aucunement responsables des dommages, pertes ou frais encourus à la suite de la mise en application des notions apprises dans ses formations et/ou de l’utilisation de ses services.