Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada
Avec l’apparition du coronavirus, la Chine a adopté une position plutôt ferme, voire ancrée, sur celle-ci. La politique de Covid zéro a été adoptée. La politique vise entre autres l’éradication complète de l’infection en instaurant des mesures draconiennes à sa population, dont des tests de dépistage réguliers, à lire ici, jusqu’à plusieurs fois par semaine, des confinements complets de quartiers et des interdictions de sortir dans ceux-ci. Les mesures atteignent un niveau tel que les personnes infectées reçoivent leurs repas directement du gouvernement afin de s’assurer qu’ils demeurent à l’intérieur. Une situation qui a été lourdement critiquée, jusqu’à avoir des protestations de bruit afin de recevoir plus de nourriture et fournitures diverses.
Évidemment, cette situation peut à première vue paraître efficace afin de contrer le virus. Toutefois, cette politique perdure depuis plusieurs mois et de toute évidence, la Chine n’est pas prête à abandonner l’approche. Non seulement les coûts d’une telle approche sont astronomiques, mais l’impact sur l’économie du pays devient soudainement un enjeu bien réel pour bien des joueurs dans les marchés.
Le mois dernier, le PIB de la Chine pour le 2e trimestre de 2022 diminuait de 2.6% par rapport au 1er trimestre, une métrique qui n’est pas passée inaperçue, spécialement étant donné que les grandes économies mondiales reprennent peu à peu leur vigueur d’autrefois. En comparant sur une base annuelle, le PIB a crû de 0.4% par rapport à l’an dernier à pareille période. Les fermetures obligatoires et prolongées pour biens des détaillants ont eu un impact notable sur l’indicateur macroéconomique privant ceux-ci de précieux revenus.
La portée des mesures affecte même plusieurs compagnies européennes, qui se voient de diminuer les prévisions de ventes de 2022, dû aux politiques adoptées par la Chine. En réponse à un sondage mené auprès des compagnies dans la Chambre Européenne de Commerce en Chine, 60% des répondants ont réduit leurs projections financières. Parmi celles-ci, 80% ont mentionné que la Chine devient beaucoup moins attrayante pour conduire des affaires et 23% pensent déjà à changer leurs investissements futurs en commercialisation outre-mer. L’une des dernières compagnies lourdement touchées par les restrictions est Burberry Group plc (LON :BRBY), qui a vu ses ventes en Chine continentale fondre de 35% lors du 1er trimestre de 2022. La compagnie maintient cependant que les résultats préliminaires de juin 2022 sont encourageants et que leur flotte de magasins en entier était rouverte. L’index populaire SSE, sur la bourse de Shanghai, représentant le mouvement général du marché local, restait plutôt immobile, avec un léger recul de 0.02% lundi.
Il ne devient donc pas difficile de croire que d’innombrables compagnies ont subi le même sort lors des résultats du 1er trimestre de 2022. C’est pourquoi la Banque Centrale de Chine a annoncé cette semaine une baisse de certains taux d’intérêts clés, en plus d’une diminution des liquidités dans le système bancaire. La divergence actuelle de l’économie chinoise avec le reste des économies mondiales a été notée par plusieurs et il n’en fallait pas plus pour déclencher des baisses de taux d’intérêt afin de stimuler l’économie. Une situation dont l’Amérique du Nord est plutôt familière, puisqu’elle a pu jouir du même traitement en 2020-2021.
La People’s Bank of China a donc annoncé une baisse de 10 points de base, ou 0.10%, sur leurs prêts 1 an à moyen terme évalués à environ 400 milliards de yuans, ou encore, 59.33 milliards de dollars américains. Juxtaposé avec les 600 milliards de yuans en prêt arrivant à échéance prochainement, il s’agirait d’un retrait du système bancaire d’environ 200 milliards de yuans. La décision découlerait du statut actuel de l’économie chinoise et viendrait corroborer les prévisions de leur PIB en 2022, qui diminuerait à environ 16 700 milliards, une première depuis de nombreuses années. La baisse vient quelque peu à contresens des autres économies qui elles, tentent de ralentir le rythme effréné de leur économie qui s’est notamment enflammée au niveau de l’immobilier.
Source: Trading Economics – PIB Chine & prévisions 2028 (en milliards USD) |
La 2e puissance mondiale tente de balancer leur croissance avec leur désir de maintenir les restrictions strictes imposées à ses habitants. Les derniers indicateurs économiques enregistrés ont également propulsé la décision de stimuler l’économie plutôt rapidement. La production industrielle, malgré une progression de 3.80% versus l’an dernier, a tout de même manqué les pronostics de 4.30%. Les ventes au détail ont reculé de 2.70%, une « bonne » nouvelle, puisque les analystes pointaient vers un recul de 4.90%. Une situation quelque peu inquiétante est celle de l’emploi. Le taux de chômage global a atteint 5.40%, toutefois la proportion des 16-24 ans dans cette statistique, atteint près de 20%.
Alors que le reste du monde s’affaire à refroidir le marché de l’immobilier, le marché de la Chine s’écroule de lui-même; un marché qui vaut tout de même près de 30% de leur PIB. La baisse de taux d’intérêt s’inscrit également comme mesure d’aide au secteur, où les nouvelles constructions résidentielles ont vu des prix à la baisse pour un 11e mois consécutif dans plus de 70 villes. La Chine est aux prises avec de nombreux contracteurs qui peinent à terminer les développements immobiliers promis, faute de liquidités et défaut de paiement. Une situation alarmante, au point où plusieurs acheteurs menacent d’arrêter les paiements sur les maisons et logements non terminés. Des analystes de Goldman Sachs maintiennent que cette situation n’aide en rien la confiance des consommateurs sur le secteur immobilier et deviendraient même encore plus réticents à acheter une propriété.
L’état actuel de l’économie chinoise résonne plusieurs sons de cloche. D’une part, les résultats de la pandémie et du coronavirus, d’autres de la demande beaucoup moins forte qu’auparavant, mais également d’un problème colossal de confiance des habitants envers leur gouvernement sur la manière de gérer le tout. Une situation qui est loin d’être idéale, autant au niveau du consommateur particulier, mais également au niveau corporatif, ne sachant plus où donner de la tête afin de retrouver les rendements d’autrefois.
Sources :
https://www.dw.com/en/what-is-chinas-zero-covid-policy/a-61736418
https://www.cbc.ca/news/world/china-shanghai-lockdown-coronavirus-food-shortage-1.6411354
https://www.bnnbloomberg.ca/china-shocks-with-rate-cut-as-data-show-alarming-slowdown-1.1805717
https://www.cnn.com/2022/08/15/economy/china-pboc-cuts-rates-weak-economy-intl-hnk/index.html
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