L’intelligence artificielle n’a rien de nouveau et pourtant, il semble que nous en apprenions davantage avec chaque semaine qui s’écoule. Après des débats à savoir qui sera la prochaine gemme dans le milieu ou encore de trancher si l’IA pourra surpasser l’humain, nous avons vécu un ralentissement notable des rondes de financement et de nouvelles injections de liquidités dans le milieu. Ce dégonflement des évaluations d’entreprises, pas uniquement en technologies, mais bien dans l’ensemble des marchés, a cependant ouvert les portes à la consolidation. Un terrain fertile pour les grandes corporations qui s’affairent maintenant à reprendre le terrain perdu des dernières années face à leurs compétiteurs.
L’année 2023 a jusqu’à présent été marquée par les développements au niveau de l’intelligence artificielle, générative ou non, et tout ce qu’elle implique. Pour l’usage quotidien d’un individu, l’implication est moindre. À l’échelle corporative toutefois, il existe une longueur d’avance chez certains joueurs et les investisseurs expriment leurs inquiétudes face au retard que certaines de leurs compagnies en portefeuille accusent.
Évidemment, les retardataires ne sont pas Alphabet (Nasdaq : GOOGL) ou encore de Microsoft Corporation (Nasdaq : MSFT), puisque leur allégeance au milieu de l’intelligence artificielle est souvent annoncée avant même d’avoir terminé l’initiative précédente.
Amazon (Nasdaq : AMZN) quant à lui, a annoncé il y a quelques semaines son intention d’investir jusqu’à 4 milliards de dollars dans une start-up d’intelligence artificielle; Anthropic. La jeune compagnie a été identifiée comme étant l’une des principales compagnies compétitrices au groupe OpenAI, créateur derrière le fameux ChatGPT. Anthropic détient tout de même des éléments clés d’OpenAI, puisqu’elle a été mise sur pied par un ancien groupe d’employés d’OpenAI, suivant un différend concernant l’investissement de Microsoft dans la compagnie en 2019. Les raisons derrière l’investissement majeur d’Amazon ont été clairement identifiées : réduire l’écart entre la compétition.
Amazon n’est pas seul à vouloir rendre la course à l’IA plus intéressante pour les compagnies en tech. Les conditions de marché étant plus difficile pour les jeunes compagnies émergentes, elles entretiennent maintenant davantage de discussions sur des possibles ventes de leurs compagnies aux grands joueurs du marché comme alternative à contempler le Chapitre 11. L’enjeu pour les grandes institutions est que les technologies utilisées par ces jeunes compagnies ne se connectent rarement bien avec les systèmes en place et doivent donc se pencher sur l’intégration optimale de leurs activités. Vous aurez deviné qu’un joueur se trouvant largement derrière ses compétiteurs mettra les bouchées doubles afin de croître sa capacité de déploiement de produits d’intelligence artificielle et, par la bande, d’efforts d’intégration dans les activités courantes.
C’est exactement cette voie que Advanced Micro Devices (Nasdaq : AMD) a décidé d’emprunter. La capacité de construire l’infrastructure technologique dans son ensemble représentant un défi trop grand, l’entreprise a préféré sortir le chéquier. L’an dernier, AMD concluait la transaction d’une entente signée en 2020 afin d’acquérir Xilinx, un fabricant de semi-conducteurs se transigeant sur le Nasdaq auparavant.
Au mois d’août dernier, AMD a annoncé son intention d’acquérir Mipsology, une jeune compagnie française œuvrant dans l’intelligence artificielle afin de se munir d’une solution d’IA solide et ainsi faire compétition à Nvidia Corp (Nasdaq :NVDA). Cette acquisition visait également à tirer avantage de la plateforme de Xilinx, portant une attention spéciale sur la rapidité d’exécution de leur solution.
Les marchés ont d’ailleurs reçu cette nouvelle comme étant la riposte de AMD face aux développements de Nvidia quant à leur plus récente flotte de superordinateurs visant le milieu de l’intelligence artificielle. Les différentes pièces du casse-tête s’assemblent tranquillement afin d’attirer les développeurs de toute part à bâtir sur leur matériel plutôt que ceux de leur compétiteur.
Ce mardi, AMD dévoila un nouveau morceau d’importance à ce casse-tête : l’acquisition de Nod.ai. Cette compagnie, sans surprise, qui œuvre dans l’intelligence artificielle étendra les capacités d’AMD à offrir leur suite de logiciels d’intelligence artificielle à code source ouvert ou open source, pour les plus familiers. L’inclusion de cette nouvelle équipe de spécialiste dans la résolution de problème perfectionnera donc le déploiement des centres de données AMD Instinct, Ryzen AI Processors et cartes graphiques Radeon pour ne nommer que quelques-uns de leurs fleurons.
Identifié en août dernier, l’IA était la priorité numéro 1 pour AMD. Les dernières annonces s’inscrivant directement dans ce plan d’action a su plaire aux investisseurs. Le créneau de l’intelligence artificielle générative n’est pas qu’une tendance dans le monde de la technologie, mais bien un outil additionnel dans le coffre de toute compagnie tech qui se respecte.
Le titre d’AMD a progressé ce mardi suivant l’annonce de cette dernière acquisition, prenant tout près de 2%. La journée haussière de ce mardi a également expliqué en partie l’optimisme derrière cette réaction. À titre d’exemple, Nvidia Corp a pris plus de 1%, sans réelle annonce aux marchés. Depuis le début de 2023, Nvidia affiche une performance de 220% alors qu’AMD n’affiche qu’un « maigre » 70%. Malgré ces excellents résultats, la différence entre les deux performances affiche clairement l’ampleur des progressions technologiques chez Nvidia.
Source : Tradingview – Cours des titres Nasdaq : NVDA & AMD, Début 2023 à auj., 2023-10-10
Ces derniers développements arrivent d’ailleurs alors que d’autres acteurs de la sphère technologique tentent d’émettre des avertissements sur cette tendance. Du côté des régulateurs allemands, on mentionne notamment le fait que l’IA accélérera et accentuera la dominance des grandes compagnies Tech actuelles et pourrait rendre les prochaines décisions en matière de concurrence de marché plutôt difficiles. D’un autre côté, les différents paliers gouvernementaux tentent tant bien que mal de sortir une flopée d’encadrements et de lois afin de limiter le type d’utilisation de ces nouveaux outils. Les droits fondamentaux des auteurs, créateurs de contenus et enjeux au niveau des copyrights sont au cœur de ces débats. Il semblerait que dans bien des cas, les robots issus de l’intelligence artificielle se sentent peu ou pas concernés par les règles mises en place par l’humain.
Le marché, de sa consolidation actuelle, se verra scruté à la loupe dans les prochains mois afin de trouver un équilibre où corporations, gouvernements, utilisateurs et intelligence artificielle devront cohabiter. Il ne reste plus qu’à savoir ce que l’intelligence artificielle pensera de ces nouvelles restrictions…
Par Olivier Gélinas, Analyste Financier, Contributeur pour DayTrader Canada
Sources :
https://www.ft.com/content/1621f6ee-41da-48a7-98c9-fa161883dc6f
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