Champ de pétrole attaqué en Arabie Saoudite : le baril en hausse de près de 20%
Samedi dernier, l’usine de traitement du pétrole à Abqaiq et le champ pétrolier de Khurais ont été attaqués par un ennemi du régime saoudien qui n’a toujours pas été identifié, affectant la production actuelle de 5,7 millions de barils de pétrole brut par jour. L’annonce de cette attaque a fait grimper le cours du pétrole « Brent » de 15,83%, à un haut de 69,64$, sa hausse la plus importante en 28 ans.
Pour comprendre l’importance de cet événement, il faut savoir qu’Abqaiq est la plus grande installation de traitement et stabilisation du pétrole brut au monde, avec une capacité de traitement de plus de 7 millions de barils par jour. Ce montant représente 50% de la production de pétrole du royaume. Khurais, pour sa part, est le deuxième plus grand gisement de pétrole d’Arabie Saoudite, avec une capacité de pompage d’environ 1,5 million de barils par jour. L’attaque de samedi est la plus importante faite à des infrastructures pétrolières saoudiennes depuis l’invasion du Koweït par Saddam Hussein en 1990, lorsque l’armée irakienne a bombardé le royaume.
Par la nature de ces installations, cette attaque réduit de façon importante la production de pétrole mondiale. Selon Bloomberg, pas moins de 5% de la capacité production planétaire aurait été mise hors service. Suffit de se référer à la théorie de l’offre et de la demande pour comprendre pourquoi le prix du baril de pétrole a cru aussi rapidement à l’ouverture du marché des contrats à terme, dimanche soir.
La question qui est sur toute les lèvres : combien de temps sera requis pour restaurer la capacité de production effective avant les attaques? Selon Saudi Aramco, la compagnie pétrolière nationale saoudienne, l’objectif saurait de restaurer environ un tiers de sa production de brut, soit 2 millions de barils par jours, en début de semaine. En ce qui concerne le retour à la normale, selon le ministre saoudien de l’Énergie, tout serait prêt d’ici la fin septembre. D’ailleurs, cette nouvelle, diffusée mardi a fait chuter le prix du pétrole de près de 6% à 64,14$.
Toute cette volatilité alentour de cette commodité rime avec opportunité dans le monde du trading. Alors, comment est-ce que le négociant actif peut profiter de ce genre d’évènements? Tout d’abord, il est possible de transiger directement les contrats à terme (ou futures) sur le pétrole brut offert par Globex à travers la plateforme transactionnelle d’accès direct de votre choix, sous le symbole boursier NYMEX : CL pour le gros contrat et NYMEX : QM pour le contrat « e-mini » (pour apprendre la différence entre un « gros » contrat à terme et un « e-mini », voir cet article du blogue du négociateur actif). Ensuite, il est également possible de transiger des fonds négociés en bourses reliés au pétrole, tel que le ARCA : XOP, qui représente plusieurs actions de petites et moyennes capitalisations du secteur de l’exploration pétrolière et gazière. D’ailleurs, ce fond négocié en Bourse a vécu une hausse de 10,80% lundi, alors que 40% de ses composants ont progressé de 10% ou plus. Finalement, pour les plus téméraires d’entre vous, qui souhaitez transiger des titres individuels, il est possible de suivre le cours des entreprises les plus volatiles du secteur, par exemple, le producteur de gaz naturel et de pétrole brut, Carrizo Oil & Gas inc. (NASDAQ : CRZO), qui s’est apprécié de 19,53% lundi.
Bref, il faudra être prudent avec la suite des évènements, puisqu’un retour plus tôt ou plus tard que prévu de la production pourrait faire fluctuer le cours du pétrole de façon aussi importante que lundi.
Mouvement de capitaux en Bourse : croissance vers valeur
Un mouvement de capitaux rapide s’est fait dans monde de l’investissement la semaine dernière. Effectivement, d’un point de vue hebdomadaire, le S&P500 a clôturé la semaine dernière en hausse de 0,96%. Or, le fond négocié en Bourse qui représentant les titres dit : « de valeur », soit ceux avec des ratios cours/bénéfice et cours/valeur comptable moins élevé et des fondamentaux stables, le FNB iShares Edge MSCI USA Value Factor (ARCA : VLUE) a terminé la semaine en hausse de 4,02%. Cela représente une avance de 3,06%, face au S&P500 et de 6,37% sur le fond négocié en bourse représentant les titres de croissances le iShares Edge MSCI USA Momentum Factor (ARCA : MTUM). Ici, on définit les titres de croissance comme étant ceux ayant une croissance du chiffre d’affaires et des bénéfices plus élevés que la moyenne, mais également des ratios plus élevés.
Maintenant, qu’est ce qui rend cette situation unique?
Tout d’abord, il est important de comprendre que la situation est généralement l’inverse de celle vécue cette semaine. Ainsi, dans les cinq dernières années, les rendements des titres de croissances ont plus que doublé ceux des titres valeur avec un rendement de près de 95% sur 5 ans en comparaison à près de 44% pour la seconde catégorie. De plus, les titres de croissance ont également nettement surperformé le S&P500 qui est en hausse de près de 50% en cinq ans.
De ce fait, il est pertinent de se demander ce qu’est un évènement de ce type produit comme effet sur les marchés et comment l’interpréter, alors que les titres de croissance battent généralement les marchés. Selon Adam Crisafulli, directeur exécutif chez J.P. Morgan : « bien que cette rotation des capitaux investis soit un signal positif en termes de sentiment macro-économique des investisseurs, je pense qu’elle aura un impact négatif net pour l’ensemble du S&P500, dans la mesure où les investisseurs abandonneront les titres les plus performants historiquement, ce qui fera chuter les indices »[1]. Un fait intéressant qui ajoute à l’unicité de la situation est que, lundi dernier, selon les données recueillies par Bespoke Investment Group, le FNB iShares Edge MSCI USA Momentum Factor (ARCA : MTUM) connaissait sa pire journée depuis sa création au début de 2013.
Finalement, en quoi est-ce que ce changement de capital influence le négociant actif? Dans le cas où votre portefeuille est majoritairement investi dans des titres de croissance, il pourrait être raisonnable de prendre un peu de profit. De surcroît, cela pourrait créer de nouvelles opportunités haussières dans certains titres à plus faible capitalisation, puisque le Russel 2000 (ARCA : IWM) a également surpassé le S&P500 de 3,98% la semaine dernière.
[1] Traduction libre provenant de CNBC (https://www.cnbc.com/2019/09/10/a-sudden-transformation-in-the-stock-market-unnerved-investors.html)
Beaucoup d’incertitude du côté de la Réserve fédérale américaine
Mercredi après-midi avait lieu une rencontre du comité de la Réserve fédérale américaine pour établir la direction de la fourchette de taux directeur. Comme prévu par plusieurs, leur décision fut de baisser l’intervalle du taux de 25 points de bases (0,25%), la plaçant ainsi entre 1,75% et 2,00%. Cette décision tombe alors que la réserve fédérale tente par tous les moyens de maintenir la croissance aux États-Unis et que les économies d’Europe et d’Asie se refroidissent tranquillement.
Or, ce qui a vraiment capté l’attention de Wall Street est plutôt le discours à 14h30 de M. Powell, visant à expliquer cette coupe. Effectivement, lors de son allocution, celui-ci a annoncé que bien que la Réserve fédérale américaine n’hésiterait pas à baisser les taux à nouveau si jamais l’économie se détériorait davantage, il ne prévoyait pas d’autres réductions, qualifiant le marché de l’emploi comme étant fort et la croissance du produit intérieur brute de modéré.
Un autre facteur important qui a mené au refus de la réserve fédérale à prévoir immédiatement une future coupe est l’absence de consensus au sein du comité de la Réserve fédérale. En effet, selon ce graphique à points (voir ci-dessous), on peut voir que cinq membres ont estimé que le comité aurait dû maintenir son ancien intervalle de 2% à 2,25%, cinq ont approuvé la réduction de 25 points de base tout en conservant les taux entre 1,75% et 2,00% tout au long de l’année, et sept se sont prononcés en faveur d’au moins une réduction supplémentaire cette année. Cette scission au sein du groupe est la première de cette importance depuis 2014.
En somme, l’énoncé de la direction de la politique monétaire n’offrait pratiquement aucune différence par rapport à l’énoncé de juillet. Le comité a de nouveau cité « le ralentissement économique mondiale ainsi que les pressions inflationnistes modérées » comme principal motif de la réduction.
Par Nicolas Gauthier, B.A.A. profil Finance et contributeur chez DayTrader Canada
Sources :
https://seekingalpha.com/news/3500249-fed-goes-ahead-quarter-point-cut
https://www.cnbc.com/2019/09/19/us-treasury-yields-lower-after-fed-cuts-rates.html
https://seekingalpha.com/news/3500255-stocks-fall-dollar-index-rises-fed-rate-cut
https://www.cnbc.com/2019/09/18/fed-decision-interest-rates-cut.html
https://www.cnbc.com/2019/09/18/fed-insurance-cut-gets-cold-shoulder-from-markets.html
Avis et déclaration:
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