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L’indice S&P/TSX franchit le record psychologique des 30 000 points

La Bourse de Toronto vient de franchir une étape symbolique : l’indice S&P/TSX, référence des marchés canadiens, a dépassé pour la première fois le seuil des 30 000 points en séance cette semaine, dopé par la vigueur des secteurs de l’énergie et des métaux de base. Au même moment, à New York, une polémique inattendue autour de Tylenol — provoquée par des déclarations intempestives de Donald Trump — a secoué Kenvue (KVUE), issu du spin-off de Johnson & Johnson.

Ces deux histoires, aussi différentes soient-elles, révèlent une vérité commune : les marchés financiers naviguent entre fondamentaux solides et chocs imprévisibles venus du champ politique.

Le S&P/TSX franchit le seuil des 30 000 : un cap symbolique

Mardi matin, le S&P/TSX Composite Index a franchi les 30 000 points avant de reculer légèrement en clôture vers 29 815. L’atteinte de ce seuil reste un jalon majeur. Depuis le début de l’année, l’indice gagne plus de 20 %, porté par une envolée des valeurs aurifères, des producteurs de cuivre et des géants bancaires.

« Nous anticipions ce passage, peut-être pas aussi tôt, mais la dynamique est réelle », explique Brian Madden, directeur des investissements chez First Avenue Investment Counsel. Pour lui, l’énergie, les financières et l’or continuent de jouer le rôle de moteurs.

Des fondamentaux qui surprennent

Ce rallye intervient dans un contexte économique trouble. Ottawa doit composer avec un ralentissement conjoncturel, des tensions commerciales avec Washington et une Banque du Canada obligée de réduire ses taux pour éviter une récession. Pourtant, les résultats des entreprises canadiennes dépassent les attentes : +7,5 % en moyenne par rapport au consensus, selon Scotiabank.

« Le marché actions n’est pas l’économie. Le Canada compte des sociétés remarquables qui savent résister et innover, c’est pourquoi le TSX monte », analyse Brian Belski, stratégiste en chef chez BMO Capital Markets.

L’or et l’énergie : valeurs refuges et locomotives

L’attrait pour les métaux précieux explique en partie cet emballement. L’or atteint des sommets historiques, renforcé par la quête des investisseurs pour des actifs refuges face aux tensions géopolitiques. Les minières canadiennes en bénéficient directement, plaçant de nombreux titres au centre du rallye.

De leur côté, les majors énergétiques soutiennent l’indice grâce à un pétrole orienté à la hausse, sur fond d’offre contrainte au Moyen-Orient et d’appétit durable des économies émergentes. « Le monde entier a besoin de ce que le Canada produit : énergie, cuivre, or et un oligopole bancaire rentable », résume Matt Skipp, patron de SW8 Asset Management.

Le rôle des banques et la solidité structurelle du TSX

Les cinq grandes banques canadiennes, qui dominent le crédit domestique, représentent à elles seules près d’un tiers de la capitalisation de l’indice. Leur présence robuste confère une stabilité structurelle à la Bourse de Toronto par rapport à l’indice américain S&P 500, plus exposé aux fluctuations cycliques du secteur technologique.

En 2022, lorsque les marchés mondiaux s’effondraient, la perte du TSX resta plus mesurée que celle de Wall Street. En 2025, Toronto pourrait même surclasser New York en performance relative pour la première fois depuis 2016.

Les défis persistants

Derrière l’euphorie du cap des 30 000 points se cachent des risques persistants :

  • Des tarifs commerciaux américains toujours menaçants.
  • Une croissance en berne au Canada, avec un chômage en lente hausse.
  • La nécessité, selon le gouverneur de la Banque du Canada Tiff Macklem, « d’améliorer la productivité et de diversifier les débouchés à l’exportation ».

Autrement dit, le passage de ce seuil reste davantage psychologique que fondamental. Les investisseurs le savent : des corrections restent possibles, notamment dans les secteurs industriels ou technologiques, qui ont déjà perdu du terrain récemment – Shopify a par exemple décroché de plus de 4 % en une séance.


Quand Trump s’invite dans la santé : l’effet Kenvue

Pendant que les marchés canadiens célébraient un record, un autre épisode captait l’attention à Wall Street : les actions de Kenvue défiaient la gravité boursière après des propos controversés de Donald Trump. L’ex-président a affirmé, sans preuves, qu’il existerait un lien entre Tylenol consommé lors de la grossesse et l’autisme chez l’enfant.

Le choc fut immédiat : le titre Kenvue a perdu un plancher historique lundi avant de rebondir de 6 % à l’ouverture mardi. « Les investisseurs retenaient leur souffle, mais aucun nouvel élément scientifique n’a été présenté », souligne James Harlow, de Novare Capital Management. Le titre de Tylenol a toutefois poursuivit sa descente pour atteindre un nouveau bas hier jeudi en clôturant à 16,16$.

Tylenol, un pilier menacé par la désinformation ?

Avec près d’un milliard de dollars de ventes annuelles, Tylenol reste un pilier stratégique pour Kenvue. Les rumeurs touchant directement ce produit pourraient donc affecter la perception des consommateurs et peser sur la valorisation du laboratoire.

Cependant, les analystes tempèrent : le marché cible concerné par les mises en garde est restreint (les femmes enceintes), et la majorité des consommateurs ne sont pas visés. Selon Citi, « l’impact sur la consommation sera limité, même si l’effet réputationnel ne doit pas être sous-estimé ».

Un dangereux précédent

Ce cas illustre les dangers de la communication politique sur la santé. Plusieurs agences — l’UE, le Royaume-Uni et l’OMS — ont confirmé que les preuves scientifiques demeurent « inconsistantes » et qu’aucun lien avéré n’existe entre paracétamol et autisme. Kenvue rappelle de son côté que « de telles affirmations pourraient mettre en danger la santé maternelle ».

Cet épisode rappelle que dans l’ère post-COVID, les déclarations politiques non étayées peuvent à elles seules provoquer des fluctuations spectaculaires. Pour les investisseurs, le risque réputationnel lié aux fake news médicales devient une donnée stratégique à surveiller.

Conclusion : deux récits, une même leçon

La semaine écoulée illustre le contraste entre valorisations et perceptions :

  • À Toronto, l’exubérance rationnelle d’un marché porté par les ressources, les banques et l’or.
  • À New York, la volatilité imprévisible d’un titre pharmaceutique pris dans la tourmente politique.

Ces deux phénomènes enseignent que si les marchés financiers canadiens continuent de bénéficier de fondamentaux solides et d’une dynamique supérieure à Wall Street, ils restent, comme ailleurs, sensibles à la psychologie collective et aux chocs exogènes.

Dans un environnement global où l’incertitude est la norme, l’investisseur averti retiendra cette double vérité : les indices peuvent grimper sur le socle des fondamentaux, mais la confiance peut se fissurer en une phrase.

Source :

https://www.cbc.ca/news/business/tsx-record-territory-1.7641053

https://financialpost.com/investing/tsx-hit-all-time-high-topping-30000

https://www.reuters.com/markets/europe/tsx-futures-tick-up-gold-hits-fresh-record-high-2025-09-23

https://www.reuters.com/business/healthcare-pharmaceuticals/tylenol-maker-kenvue-shares-bounce-trump-claims-face-pushback-2025-09-23

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