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Résultats financiers : l’euphorie de l’IA se heurte à la réalité des chiffres

Une saison des résultats contrastée

Les investisseurs attendaient beaucoup de cette saison des résultats financiers aux États-Unis. Après plusieurs trimestres dominés par l’enthousiasme entourant l’intelligence artificielle (IA), plusieurs géants technologiques ont publié des chiffres solides… mais accompagnés de perspectives budgétaires qui refroidissent l’ambiance sur les marchés.

Jeudi, les principaux indices boursiers américains ont reculé, menés par le Nasdaq Composite et le S&P 500, pénalisés par les fortes baisses de Meta et Microsoft, tandis que les investisseurs tentaient de décoder le ton plus ferme de la Réserve fédérale américaine (Fed).


Meta : la facture de l’IA pèse lourdement

Les actions de Meta Platforms, maison-mère de Facebook et Instagram, ont chuté de 11,3 %, leur pire séance depuis trois ans. En cause : la société a prévenu que ses dépenses d’investissement seront « notablement plus élevées » l’an prochain, principalement pour soutenir le développement de ses infrastructures en intelligence artificielle.

Malgré des revenus trimestriels en hausse de 26 %, à 51,2 milliards $ US, Meta a affiché une baisse marquée du bénéfice net à 1,05 $ par action, contre 6,03 $ l’an dernier, en raison d’une charge fiscale exceptionnelle de 15,9 milliards $ liée à la réforme budgétaire américaine.

Le directeur général Mark Zuckerberg a réaffirmé sa volonté de pousser agressivement les projets d’IA, allant jusqu’à évoquer des systèmes capables de rivaliser avec l’intelligence humaine. Ces ambitions s’accompagnent d’une prévision de dépenses totales entre 116 et 118 milliards $ US pour l’année, et jusqu’à 72 milliards $ US en investissements matériels.

Les analystes notent toutefois que la patience des investisseurs pourrait s’amenuiser : la rentabilité de ces dépenses massives n’est pas encore démontrée. Certains y voient déjà les signes d’une nouvelle bulle technologique, à l’image de celle de la fin des années 1990.

meta chart

Source TradingView, NASDAQ: META.

Microsoft : des résultats solides, mais l’appétit d’IA inquiète

De son côté, Microsoft a publié des résultats supérieurs aux attentes pour son premier trimestre fiscal. Les revenus ont progressé à 77,67 milliards $ US, soutenus par la croissance continue de son service Azure, en hausse de 40 % sur un an. Le bénéfice d’exploitation a bondi de 24 %, à 38 milliards $.

Mais c’est la suite du message qui a freiné l’enthousiasme : le PDG Satya Nadella a annoncé que la société augmentera sa capacité d’IA de plus de 80 % au cours de l’exercice, tout en doublant ses centres de données d’ici deux ans. Autrement dit, les dépenses vont encore s’intensifier.

Microsoft prévoit un investissement annuel record de près de 35 milliards $ US, et le marché commence à se demander combien de temps ces coûts pourront être absorbés sans peser sur la marge. L’action a reculé de près de 3 %, malgré des résultats supérieurs aux attentes.

À titre pédagogique : ces dépenses dites « de croissance » sont appelées capex (pour capital expenditures). En d’autres mots, c’est de l’argent investi aujourd’hui pour générer des revenus demain… à condition que le pari se concrétise.


Alphabet : la seule lumière dans la tempête

Pendant que Meta et Microsoft décevaient, Alphabet, la maison-mère de Google, a offert un rare motif de satisfaction. Ses revenus ont franchi pour la première fois la barre des 100 milliards $ US, atteignant 102,35 milliards $, en hausse de 16 % par rapport à l’an dernier.

La performance a été tirée par une solide croissance dans la publicité (+13 %), l’infonuagique (+34 %) et YouTube (+15 %). Le bénéfice par action s’établit à 2,87 $, largement au-dessus des attentes.

Alphabet investit elle aussi massivement dans ses infrastructures et son matériel IA, avec des dépenses d’investissement proches de 24 milliards $ ce trimestre. Mais contrairement à certains concurrents, ces investissements sont largement couverts par ses flux de trésorerie, un détail qui rassure les marchés.

Le titre a terminé la séance en hausse de 2,5 %.


Amazon et Apple : des réactions mitigées après la cloche

En dehors des heures de négociation, Amazon a créé la surprise : après une baisse de 3 % durant la séance, le titre a bondi de 9 % en post-marché. Sa division Amazon Web Services (AWS) a affiché une forte demande pour ses services en nuage, compensant la croissance plus lente du commerce en ligne.

Apple, de son côté, a publié des ventes d’iPhone robustes malgré quelques contraintes d’approvisionnement. L’action a légèrement progressé après la fermeture des marchés, dans un contexte de volatilité accrue.


Un contexte monétaire plus incertain

Au-delà des résultats, le discours de la Fed a aussi pesé sur la séance. La banque centrale a abaissé son taux directeur d’un quart de point, comme prévu, mais son président Jerome Powell a rappelé qu’une nouvelle baisse en décembre n’était « pas acquise ».

Résultat : les anticipations de baisse de taux ont glissé de 90 % à environ 70 %, refroidissant l’optimisme. Cette prudence de la Fed, combinée à la nervosité entourant les dépenses massives de l’IA, a ramené les investisseurs à une posture plus défensive.

Cette prudence a fait écho ici au nord de la frontière. La Banque du Canada a également réduit son taux directeur cette semaine, sous la pression du ralentissement économique et des décisions politiques américaines.


L’IA : moteur ou mirage ?

L’intelligence artificielle est sans conteste le fil conducteur des marchés cette année. Les grandes sociétés technologiques représentent désormais près de 35 % de la capitalisation totale du S&P 500. Cet engouement a propulsé les indices vers des sommets, mais il rend aussi le marché vulnérable à la moindre déception.

Quand un investisseur voit Meta, Microsoft et Alphabet annoncer simultanément des milliards de dollars de dépenses supplémentaires, une question émerge : quand ces investissements commenceront-ils à rapporter ?

Une analyste de 248 Ventures résumait bien le sentiment général :

« Ni Microsoft, ni Meta, ni Alphabet n’ont pu clarifier quand nous verrons un véritable retour sur les investissements liés à l’IA. »

Cette incertitude pousse certains acteurs à se retirer temporairement du risque, en attendant des signaux plus tangibles.


Lecture pour les investisseurs autonomes

Pour les traders autonomes, cette saison de résultats offre plusieurs leçons :

  1. La volatilité est de retour. Quand les attentes sont aussi élevées, les réactions peuvent être rapides et marquées — dans un sens comme dans l’autre.
  2. Les annonces de dépenses massives créent des opportunités. Ces écarts de prix peuvent être exploités avec des stratégies d’options, que ce soit pour se protéger ou profiter des variations à court terme.
  3. L’IA reste un thème porteur… mais instable. Le marché alterne entre euphorie et prudence. Il convient donc d’ajuster la taille des positions et les couvertures selon la volatilité implicite.
  4. La réaction compte plus que le chiffre. Un résultat meilleur qu’attendu peut entraîner une chute, simplement parce que les attentes étaient irréalistes. En analyse de marché, le contexte vaut autant que la donnée brute.

Sans être un conseil d’investissement, rappelons qu’une approche disciplinée du contrôle du risque — par la couverture ou les options — demeure la clé dans un environnement où les réactions peuvent être disproportionnées.


En conclusion

La saison des résultats rappelle que les marchés, même à l’ère de l’intelligence artificielle, restent guidés par une logique intemporelle : les attentes montent vite, et les déceptions coûtent cher.

Les grandes entreprises technologiques disposent de moyens colossaux, mais la patience des investisseurs n’est pas infinie. À court terme, la thématique de l’IA continuera de dominer, mais l’enjeu se déplacera de l’innovation vers la rentabilité.

Pour les investisseurs autonomes, c’est un environnement fascinant : volatil, technique, riche en opportunités… à condition de garder la tête froide et la gestion du risque bien en main.


🔍 Glossaire express

  • Capex : abréviation de capital expenditures, ou dépenses d’investissement. Argent dépensé pour acquérir ou améliorer des actifs à long terme (bâtiments, serveurs, centres de données, etc.).
  • Flux de trésorerie : différence entre les entrées et sorties d’argent d’une entreprise, indicateur clé de sa santé financière.
  • Fed : Réserve fédérale américaine, équivalent de la Banque du Canada. Fixe les taux d’intérêt directeurs.
  • Volatilité implicite : mesure anticipée de la variation des prix d’un actif, souvent utilisée pour évaluer le coût des options.
  • Post-marché : période de négociation qui suit la clôture officielle des marchés boursiers américains.
  • Trading d’options : stratégie de couverture ou de spéculation utilisant des contrats dérivés pour se protéger ou profiter de la volatilité.

💡 Pour approfondir vos connaissances sur la gestion du risque et les stratégies d’options, consultez notre section Formation au trading ou nos capsules éducatives sur les options et la volatilité.

Source :

https://www.streetinsider.com/General+News/Wall+Street+indexes+fall+as+Meta%2C+Microsoft+drag%2C+along+with+Fed+rate+concerns/25523686.html

https://www.streetinsider.com/General+News/Shares+of+Google-parent+Alphabet+rise+6%25+as+revenues+surge+above+%24100+billion/25521793.html

https://www.streetinsider.com/Investing/Microsoft+slips+despite+first-quarter+beat+as+investor+eye+AI+spending+plans/25522036.html

https://www.streetinsider.com/Investing/Meta+shares+slump+as+investors+eye+Facebook-owners+%22aggressive%22+AI+spending+plans/25522035.html

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