Faits Saillants
Les chiffres de l’emploi américain publié ce matin ont envoyé un message sans ambiguïté aux marchés: le cycle de hausse des taux est derrière nous et la fenêtre de détente monétaire s’ouvre. Pour les investisseurs actifs et autonomes, l’enjeu n’est pas seulement de «jouer» la réaction immédiate, mais de comprendre ce que ces données impliquent pour la trajectoire macro, la rotation sectorielle potentielle et, surtout, la protection des gains record accumulés depuis le creux d’avril. Cet article propose une lecture orientée marché et des approches concrètes de gestion du risque, notamment via les options, sans constituer un conseil financier.
Ce que disent vraiment les chiffres de l’emploi
- Croissance de l’emploi faible: les créations de postes non agricoles ont augmenté d’environ 22 000 en août, bien en deçà du consensus (≈75 000), et nettement sous la hausse révisée de juillet (≈79 000).
- Chômage en hausse: le taux monte à 4,3%, avec une participation qui se redresse marginalement. La mesure élargie du sous-emploi avance à 8,1%, plus haut depuis 2021.
- Composition mitigée: santé (+31 000) et assistance sociale (+16 000) résistent, tandis que le manufacturier et le commerce de gros reculent (−12 000 chacun). Le secteur public fédéral contribue négativement (−15 000).
- Révisions et controverse: les révisions post-Covid et la politisation de la statistique augmentent la volatilité perçue des séries, mais le message agrégé reste celui d’un marché du travail qui «perd de la portance».
Traduction marché: un marché de l’emploi qui ralentit sans s’effondrer est, historiquement, un sésame pour des attentes de baisse de taux. Les courbes de Fed funds intégrant 100% de probabilité pour −25 pb en septembre, avec une non-négligeable «option» sur −50 pb, ont fait glisser les rendements et soutenu les actions au son du «bad news is good news».
Pourquoi les indices montent malgré un rapport «faible»
- Taux d’actualisation: anticiper une baisse de taux, c’est abaisser le coût du capital, ce qui soutient les multiples, surtout dans les segments croissance/technologie.
- Secteurs sensibles aux taux: immobilier coté (REITs), logement, et valeurs de duration profitent de l’allègement des anticipations de taux. Des indices sectoriels liés à l’immobilier ont inscrit leurs meilleurs niveaux depuis plusieurs mois.
- Tech soutenue par des catalyseurs spécifiques: un grand concepteur de puces a bondi d’environ 13% sur des résultats solides et des anticipations d’accélération de revenus IA à partir de l’exercice 2026. Cela a soulagé un marché qui doutait après un épisode de prise de profits lié aux valorisations élevées de l’IA.
Mais tout n’est pas linéaire: certaines valeurs de consommation discrétionnaire ont chuté (ex.: un acteur majeur du vêtement de sport a plongé >17% après un abaissement de ses perspectives), rappelant que les déceptions micro peuvent contrebalancer l’optimisme macro.
Le bruit politique autour des chiffres n’efface pas la tendance
Le rapport d’août arrive dans un contexte politique tendu autour du Bureau of Labor Statistics (BLS). Des critiques et des nominations controversées ont mis en avant la question des révisions statistiques. Malgré ces bruits, la tendance lisible pour les marchés reste la même: ralentissement de l’embauche, hausse graduelle du chômage, et une Fed poussée à couper au moins d’un quart de point, tout en gardant l’œil sur une inflation de base encore «au-dessus de cible» et sur les incertitudes liées aux tarifs commerciaux.
Lecture tactique: «bad news is good news»… jusqu’à un certain point
- Cas 1: faiblesse modérée de l’emploi + inflation en décélération lente = argument en faveur de la détente des taux. Les actions apprécient cette trajectoire, en particulier les valeurs longues en duration (tech, immobilier).
- Cas 2: dégradation rapide (emplois négatifs, chômage qui grimpe vite) = le marché peut basculer dans une lecture «récession d’abord». Dans ce scénario, les défensifs classiques (santé, utilities, consommation de base) et les couvertures prennent le relais.
- Cas 3: rebond de l’emploi + inflation tenace ≈ «no landing»: la Fed peut temporiser, les taux restent plus élevés plus longtemps, ce qui pèse sur les multiples et favorise une rotation vers la value/cycliques de qualité.
Un risque majeur: la concentration technologique du S&P 500
Les stratèges insistent: la concentration dans les méga capitalisations est élevée (les 8 plus grandes approchant ~40% de l’indice; la tech environ 31%). Beaucoup d’investisseurs se retrouvent surexposés sans le vouloir en combinant:
- un ETF cœur indiciel large,
- un fonds large-cap croissance,
- un fonds/ETF technologique.
Résultat: un risque «doublé» ou «triplé» sur le même thème. Un retournement des valorisations tech, même temporaire, peut peser disproportionnellement sur le portefeuille.
Où chercher des contrepoids: «délaissés» et défensifs ignorés
Les textes mettent en avant plusieurs pistes pour «isoler» le portefeuille sans tout bouleverser:
- Santé (health care): flux sortants, performance relative en bas de cycle historique («bottom decile»). Paradoxalement, plus personne n’y est, ce qui en fait un bon «différenciateur» de portefeuille. Le secteur peut servir de tampon si la croissance ralentit, tout en abritant de l’innovation (biotech/medtech). Attention aux risques politiques/cycliques.
- Industrielles et matériaux: si la baisse de taux s’installe, ces segments peuvent bénéficier d’un regain de cycle et de capex. Ils offrent une diversification face au surpoids tech/financières.
- Transports et small caps: valorisations relatives redevenues attrayantes. Les small caps, sensibles au coût du capital, profitent davantage d’une séquence de baisses de taux, mais souffrent si la macro se détériore trop.
- Défensifs «ignorés»: santé en tête, mais aussi certains profils de utilities et de consommation de base, à doser selon votre tolérance au risque.
L’idée n’est pas de faire une rotation radicale, mais de «déplacer les curseurs» à la marge pour réduire la vulnérabilité à un choc sur les leaders actuels.
Protéger ses gains boursiers de 2025: des structures d’options simples et pédagogiques
Objectif: conserver une exposition au scénario haussier (si la baisse des taux porte les multiples encore un temps), tout en limitant l’impact d’un retracement Q4 ou début 2026. Voici deux exemples d’approches pour la gestion du risque enseignée dans le cours eOptions++ de DayTrader Canada. Ce ne sont pas des recommandations personnalisées.
- Protective Put (option de vente de protection) aussi appelé Synthetic Call (option d’achat synthétique)
- Idée: acheter un put hors jeu (OTM) sur un ETF ou titre que vous possédez dans votre portefeuille.
- Pourquoi: plafond de perte connu sur la durée de l’option..
- Comment réduire le coût: choisir des strikes 5 – 10% sous le cours, avec une échéance couvrant un événement sensible (FOMC, CPI, payrolls, résultats). Plus la maturité est courte, plus le theta pèse, mais la prime est plus faible.
- Collar «coût net réduit»
- Idée: financer le put en vendant un call couvert au-dessus du marché
- Avantage: baisse de la prime nette; protection en cas de choc.
- Limite: vous capez une partie du potentiel de hausse au-dessus du strike du call. Intéressant quand le titre ou secteur est modérément haussier et que vous êtes prêt à encaisser une prise de gains si le marché dépasse un seuil.
Rappels importants: les options impliquent des risques (perte totale de la prime possible, sensibilité à la volatilité implicite et au temps). Comprenez les mécanismes avant mise en œuvre réelle.
Ce que surveille Wall Street maintenant
- FedWatch: probabilité de −25 pb vs. «option» −50 pb. Un −50 pb surprendrait positivement la duration mais pourrait signaler une inquiétude macro plus forte.
- Inflation sous-jacente (core CPI/PCE): toujours au-dessus de 2%; si la désinflation stagne, la Fed pourrait temporiser après une première coupe.
- Largeur de marché: nombre de nouveaux plus-hauts vs. plus-bas; participation des small caps. Une hausse portée par peu de noms est plus fragile.
- Micro signaux: résultats et guidances des leaders IA/tech; un bon ou un mauvais «print» peut dominer le flux.
- Secteurs «durables» vs. «momentum»: santé, industrielles, matériaux et transports comme amortisseurs potentiels si l’enthousiasme pour la tech faiblit.
Source :
https://www.cnbc.com/2025/09/05/jobs-report-august-2025.html
https://www.cnbc.com/2025/09/05/stock-market-investing-risk-portfolio-trading-changes.html
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